
Etant un homme de mots, l’approche de la communication non-verbale était une barrière que j’allais devoir franchir pour instaurer une éventuelle relation. Une déstabilisation certes, mais qui m’a contraint, comme dans toutes déstabilisations, à rechercher mon équilibre. Et cette équilibre je l’ai trouvé dans l’observation du langage corporel, dans les pictogrammes, le macato (langue des signes simplifiée). Porteur pour l’essentiel de déficiences lourdes, peu d’enfants, d’adolescents ou jeunes adultes n’ont en effet accès au langage dans cet IME. Ce fut donc une réelle révélation pour moi: la rencontre avec autrui ne se résume pas à des mots.
Dans l’instauration de la relation sur ce premier stage, j’ai pris le parti de rencontrer d’abord les jeunes sans ouvrir aucun dossier personnel. Je n’ai en effet ouvert certains dossiers que dans ma troisième semaine. Bien sûr mes collègues me donnaient des informations importantes à leurs yeux pour l’accompagnement au quotidien. Si j’ai fait ce choix c’est que je voulais vraiment les rencontrer tous en tant qu’individu et non porteur de telle ou telle pathologie.