Pendant ma formation de moniteur-éducateur, j’ai fait deux stages au travers desquels j’ai rencontré
différents publics.
J’ai effectué un premier stage dans un Externat Médico-Professionnel à Gagny accueillant des adolescents
de 13 à 16 ans en situation de handicap mental.
Mon second stage a eu lieu dans une Maison d’Enfants à Caractère Social de la Fondation d’Auteuil, où j’ai
été directement impliquée dans le quotidien d’un groupe de jeunes garçons de 14 à 18 ans.
Certains des jeunes accueillis avaient des comportements plus marquants. Soit ils cherchaient par divers
moyens à attirer le regard de l’adulte, monopolisant son attention. Soit ils refusaient tout contact, s’opposant
à ce qui leur était proposé.
L’attitude de ces jeunes interpellait la question de la distance éducative. Elle m’interrogeait sur la position à
adopter, pour que, malgré tout, le moniteur-éducateur puisse avoir un rôle sécurisant auprès d’eux.
Les problématiques liées à l’abandon présentent des comportements contradictoires. Ils sont causés par une
grande sécurité intérieure et dissimulent parfois cette fragilité en provoquant des ressentis exacerbés chez les
professionnels. Ils reproduisent alors de nouveaux rejets et ipso facto un abandon.
Un cadre à la fois contenant et maternant reproduit symboliquement la triangulation oedipienne, entre le coté
légal paternel et les soins, activités maternelles. L’espace créé favorise le transfert et permet aux jeunes de
trouver de nouvelles issues pour évoluer.
Ce cadre est le support à l’établissement d’une distance éducative. Celle-ci permet au moniteur-éducateur
d’ajuster son accompagnement de manière à le rendre sécurisant pour les personnes dont il s’occupe.
Au-delà d’une sécurisation, c’est le sentiment d’exister qui leur est apporté. Ce sentiment qu’elles recherchent
depuis leur enfance et qu’elles n’ont pu acquérir.