LeSocial Emploi Prepa Doc Formateque

Moniteur-éducateur

Le moniteur-éducateur a un rôle d'animation, de prévention et d'éducation auprès de personnes en difficulté : enfants, ados, adultes ou personnes âgées. Il est le bras droit de l'éducateur spécialisé, qui détient la responsabilité d'élaborer des projets.

Je suis sourd et ma tête est malade

Je suis sourd et ma tête est malade

Depuis quelques années, j’ai eu diverses expériences auprès de personnes handicapés de tous âges sur différents postes (animatrice, éducatrice scolaire, éducatrice non diplômée, etc). J’ai notamment participé pendant plusieurs années à des camps de vacances pour adultes handicapés mentaux. J’ai appris la langue des signes en 1995 et, par la suite j’ai travaillé essentiellement auprès d’enfants et d’adolescents sourds. Durant la formation, j’ai choisi d’effectuer mon stage long dans ce foyer. Cette structure accueille des personnes sourdes âgés de 20 à 59 ans avec des troubles associés. Je n’avais pas encore travaillé auprès de cette population. Cet établissement comprend un Centre d’Aide par le Travail ( C.A.T) et un foyer. Ce dernier se compose d’un groupe de 15 résidents mixte et d’une équipe éducative, comptant six éducatrices et un éducateur. Les résidents sont aussi des ouvriers du CAT. Dans cet établissement la langue des signes est reconnue comme élément structurant central de la prise en charge. Je dois préciser qu’il existe très peu d’établissements en France spécialisés dans l’accueil de personnes sourdes avec des troubles associés. Grâce à ce stage j’ai découvert rapidement qu’il fallait utiliser tous les outils de communication et les adapter pour pouvoir réussir à communiquer. De plus, j’ai rencontré des personnes sourdes souffrant de maladies mentales dans ce foyer. La communication avec ces derniers m’a interpellé. C’est pourquoi j’ai choisi de me pencher sur cette question de la communication auprès de ce type de population. D’autre part, « .. Je crois que la question de la communication doit toujours être présente en formation. Les gens qui se forment doivent pouvoir réfléchir, verbaliser, discuter sur la qualité de la communication .. » ( Sciences humaines, Martine Fournier, hors série n° 16, mars/avril 1997). En effet la communication est au centre de la relation éducative est c’est aussi pour cette raison que je me suis intéressée à ce sujet.

CONCLUSION S’il est vrai que la communication est au cœur de la relation éducative, il faut donc en comprendre les « mécanismes ». Cela revient à comprendre l’un des fondements du travail du moniteur éducateur. C’est pourquoi, tout au long de ma monographie j’ai essayé de vous faire partager mon expérience auprès de Mr Albert, sourd et atteint d’une schizophrénie. Nous avons pu constaté que les troubles mentaux ne sont pas plus présents dans la population sourde que dans la population entendante. Pourtant, « Au regard des mutilations spécifiques que nous avons pu observer chez les sourds en psychiatrie, nous avons le devoir d’insister sur le fait que les certitudes pédagogiques alliée à la croyance en la toute puissance scientifique provoquent un malaise propre à favoriser des attitudes pathogènes. » (Particularités de la clinique avec des personnes sourdes, Surdité et souffrance psychique, J. Laborit, Ellipses, 2001). Comme je vous l’ai montré précédemment, Mr Albert communique correctement en la Langue des Signes. Pourtant cet aspect positif de la communication est atténué par son attitude « effacée et parfois figée » liée à ses troubles mentaux. A plusieurs reprises j’ai ressenti ce sentiment « d’étrangeté » lorsque je communiquais avec lui. Il faut beaucoup le solliciter pour créer un échange avec lui. Même lorsque le contact est établie et les propos sont cohérents, il est nécessaire de ne pas s’arrêter à cela. Il faut prendre en compte tout ce qui fait qu’une personne communique : ses mots, son corps, ses gestes.. D’autant plus avec des personnes sourdes qui s’expriment plus facilement à travers leur corps. A travers ces quelques exemples d’échanges dans le travail éducatif, j’ai tenté de montrer en quoi la « maladie mentale » modifie la communication auprès d’adultes sourds. J’ai remarqué que la communication a des « failles ». Il est primordial d’en prendre conscience, d’autant plus auprès de ce public car le contact est parfois difficile à établir. De ce fait les messages verbaux sont parfois des « leurs » car il est nécessaire d’être attentif à tout. Comme dans le cas de Mr Albert, les manifestations de la schizophrénie rendent encore plus complexe cette communication. C’est pourquoi le travail d’équipe, notamment avec la collaboration de psychiatres et de psychologues, reste primordial pour « démeler » les dessous de cette communication au quotidien. « Les sourds manquent de mots .. mais pas de signifiants.. Nous sommes des sujets parlants et nous utilisons pour communiquer des signifiants. Ces signifiants articulés dans une langue particulière (aussi bien la langue des signes) conditionnent l’inconscient. » ( Particularités de la clinique avec des personnes sourdes, Surdité et souffrance psychique, J. Laborit, Ellipses, 2001). Selon F. Pasche, il y a trois langages du psychotique : - La langue normale que parfois la personne présentant une schizophrénie peut manier de façon experte - Le langage écran, imperméable à fonction défensive, avec contre-investissements de la communication - Une langue proprement psychotique Une fois la « barrière » culturelle passée auprès d’adultes sourds souffrant de schizophrénie, le moniteur –éducateur, doit pouvoir se « faire l’oreille » à ces langages afin d’essayer d’établir une communication avec la personne dans l’acte éducatif au quotidien. La maladie mentale est parfois invisible comme peut l’être la surdité, c’est pourquoi une partie du travail du moniteur éducateur auprès de cette population consiste à prendre conscience de la complexité de la communication et à connaître les « bruits » dans celle-ci dus aux effets des troubles psychiques. Le travail de l’équipe éducative et de l’équipe pluridisciplinaire ( psychologues,psychiatres) est essentiel auprès de cette population pour établir une écoute et un échange de qualité avec la personne. Il se peut que le moniteur éducateur se pose les mêmes questions dans sa communication avec des personnes entendantes souffrant de psychoses. Cependant il y a une spécificité inhérente à la surdité qu’il faut connaître pour travailler auprès d’adultes sourds atteints de pathologies mentales graves.

Catégorie: Mémoire Moniteur-éducateur
Type de fichier: application/pdf
Historique du document:

0

Licence

Chacun des éléments constituant le site SocioDoc.fr sont protégés par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des éléments.

En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions générales d'utilisation de SocioDoc.fr.

Accepter le terme et la condition

Documents associés

L’utilisation du jeu sous formes multiples
Je réalise mon stage long dans un Institut Médico Educatif qui accueille des enfants en situation de handicap mental associé ou non à des troubles du comportement et ou de la personnalité. J’y travaille plus particulièrement auprès du groupe 3 qui accueille des enfants qui ont entre 10 et 14 ans ; une demi-journée j’encadre le groupe 1 qui est le groupe dit des petits, ils ont de 4 à 8 ans. J’ai choisi ce sujet de monographie car je me suis aperçue durant mon apprentissage à l’IME que l’ensemble de l’équipe à régulièrement recours à l’utilisation du jeu sous formes multiples. Celui-ci est donc un outil éducatif très utilisé par les éducateurs. A partir de cette observation découle diverses questions. Pourquoi l’usage de cet outil est il primordial au développement de l’enfant ? Et notamment pourquoi est il important auprès de la population de l’IME ? De quelle manière le jeu est-il bénéfique à l’évolution de l’enfant ?
Intégration scolaire et partenariat

Dans la société actuelle, l’intégration est devenue une préoccupation de tous les fronts, et chacun de nous y est confronté à un moment de notre vie que ce soit en intégrant une équipe de travail, une formation ou même un club de sport. Ces expériences peuvent être plus ou moins douloureuses et influencer notre comportement et notre relation avec autres. Ce processus s’initie tout d’abord au sein de la cellule familiale puis à l’école, comme le souligne Catherine COUSSERGUE, « l’insertion sociale se vit au sein de la famille puis très rapidement à l’école »(1). C’est par la confrontation aux autres que l’enfant va apprendre le partage, le respect ou la politesse, ces règles vont contribuer à sa socialisation. L’intégration scolaire constitue la meilleure façon de préparer la future intégration sociale de la personne atteinte d’un handicap, quelqu’il soit. Favoriser l’intégration est important quand un enfant a des difficultés à l’école, car si celles-ci ne sont ni prises en compte ni travaillées, elles peuvent s’amplifier et favoriser une mise à l’écart voire une forme d’exclusion du groupe, de la classe, un repli sur lui même, allant jusqu’au mal-être. Les élèves en mal d’intégration, BOURDIEU les nomme « les exclus de l’intérieur ». (2)

L'enfant est un feu à allumer, pas un vase à remplir ( Rabelais)

Lors de ma seconde année de formation de Moniteur-Educateur, j’ai effectué un stage de cinq mois dans une Maison à Caractère Social (MECS) à Urt. C’est un établissement qui accueille 17 jeunes et adolescents dont les difficultés familiales, les difficultés d’adaptation sociales ou scolaires ne leur permettent pas d’être maintenus dans leur milieu naturel. Ce stage fut pour moi l’occasion de découvrir un type de population que je ne connaissais pas puisque ma seule expérience professionnelle s’est déroulée auprès de déficients mentaux adultes et de jeunes handicapés moteurs. Ma plus grande surprise fut de constater que dans ce foyer, la majorité des jeunes accueillis connaissaient de très grandes difficultés scolaires : redoublements nombreux, orientations vers des classes spécialisées, renvois fréquents, la plupart d’entre eux seront classés comme étant en échec scolaire. Je m’interrogeai alors sur cet état de fait, ce qui me donna envie d’axer ma réflexion sur ce sujet. Dans un premier temps, je présenterai la structure de l’établissement puis je ferai un constat basé sur mes observations faites au quotidien. Après avoir dégagé une problématique ayant trait aux difficultés scolaires de l’enfant et de l’adolescent, la seconde partie de ma réflexion sera faite d’un apport théorique sur la notion d’échec scolaire, et ce, afin de mieux appréhender cette notion. La troisième partie de mon écrit présentera les différentes stratégies mises en place par l’établissement ainsi que mon implication lors du stage, et ce, en relation avec le sujet que j’ai choisi de traiter ici.

Adulte déficient, éternel enfant?
Au fil des siècles, le regard porté par les sociétés sur le handicap a évolué. Celui des professionnels des secteurs sociaux et médico-sociaux également. De la même façon, à travers des accompagnements auprès des personnes accueillies dans l’institution, j’ai pu constater, avec un certain recul, une évolution du regard que j’ai moi même porté sur le handicap. Les perceptions des termes de l’infirmité, la malformation, la débilité, l’impotence dans les sociétés primitives et médiévales, jusqu’à leur évolution actuelle me semblent retracer certains aspects de mon évolution, de mon regard sur le handicap. Il m’a paru intéressant de faire apparaître ici, dans un premier temps, quelques représentations historiques que les humains se sont construits autour du handicap et qu’il me semble avoir traversées, éprouvées au cours de ma pratique. M’interroger sur l’image qu’a pu me renvoyer le handicap de mon semblable humain m’a éclairé sur mes représentations et mon comportement dans mes relations avec certaines personnes handicapées. Cela m’a également permis d’entrevoir les éventuelles difficultés à accepter la « figure » du handicap pour un parent, comme pour un professionnel.

Connexion

Moniteur-éducateur

Abonnement

Recherche