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Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

Pour une psychopédagogie de l'etonnement : de l'interêt de l'étonnement dans la relation éducative

Pour une psychopédagogie de l'etonnement : de l'interêt de l'étonnement dans la relation éducative

Dans mon cheminement personnel et professionnel l’étonnement et la surprise ont toujours tenu une place importante. Mais c’est en rencontrant les enfants reçus au Centre Médico-PsychoPédagogique (CMPP) de Bagatelle ainsi que le personnel qui les accompagne qu’il m’a été permis de penser que l’étonnement pouvait constituer un outil pertinent de l’éducateur et être le fil conducteur d’une positon professionnelle à travailler. En effet, c’est en juin 2002 que je débute mon stage à responsabilité éducative au CMPP de Bagatelle. Je suis supposée y rencontrer des enfants qui manifestent des troubles du comportement et de la personnalité ayant des répercussions sur leur vécu scolaire. Or, lors de mes premiers jours dans ce lieu, j’y ai rencontré des enfants qui me paraissaient tout à fait « ordinaires ». Certes, leur langage n’était pas châtié, certes leurs histoires n’étaient pas celles de tous les enfants. Mais celui-là qui a tenté d’étrangler son camarade de classe, je l’ai vu rester tranquillement assis prés d’une demi-heure pour écouter un conte. Ces quatre-là qui ont régulièrement des problèmes de comportement au collège, je les ai vu se raconter leurs histoires belliqueuses autour d’un thé et de petits gâteaux. Celui-là qui passe son temps à se défendre parce qu’il croit toujours qu’on l’agresse, je l’ai vu éclater de rire quand je l’ai arrosé au pistolet à eau quand il est sorti de l’épicerie. Quant à ce petit qui ne sait même pas compter, je l’ai vu trouver en un clin d’œil la clé qu’il lui fallait pour dévisser le boulon de son vélo. Ces enfants m’étonnent….Dés le premier jour je me demande ce qu’il y a de si différent ici pour que ces enfants puissent se montrer si loin des discours qui s’entretiennent sur eux. Et je me dis que pour que ces enfants m’étonnent, c’est peut-être qu’eux-mêmes sont étonnés par ce lieu et par ces personnalités qu’ils rencontrent au CMPP, par cet espace dans lequel on les pense peut-être différemment, dans lequel on leur propose des choix différents, dans lequel on leur dit des mots qui ne prennent pas le même sens qu’ailleurs. Mais on peut comprendre que l’on arrive pas en troisième année de formation au CMPP de Bagatelle en se disant que l’on va écrire un mémoire sur l’étonnement. Il a fallu pour cela que j’observe ses effets à plusieurs reprises dans mes différentes expériences professionnelles. Il y a d’abord eu cette petite fille atteinte d’un autisme grave et qui, malgré les suspicions qui portent sur l’autisme quant à la faculté d’adaptation aux repères spatio-temporels, c’est en jouant autour de l’imprévu et de l’inattendu qu’elle a pu structurer quelque chose de ces repères. Et puis il y a eu ces adolescents déficients mentaux que j’ai rencontré lors de mon premier stage de découverte et qui, tous les jours m’ont étonné par leurs capacités à rendre le quotidien plus agréable par leur humour. Il y a ensuite eu cette personne SDF qui jouait étonnamment bien de la guitare un dimanche après-midi devant un marchand de tabac et à qui j’ai laissé penser par des remerciements sincères que c’était lui qui apportait du bonheur aux pauvres quidams dépendants qui s’agglutinaient devant la boutique. Et puis, l’étonnement c’est aussi cet adulte psychotique qui effrayait les animateurs du centre de vacances et de qui j’ai pu approcher en me contentant de l’imiter. L’étonnement, enfin, c’est cette stagiaire qui fait parler pour la première fois depuis longtemps un enfant en lui soutenant que, dans sa bande-dessinée préférée, le chien s’appelle Tintin et que son maître se nomme Milou… Cependant, il ne s’agit pas de faire de l’étonnement tout azimuts. L’étonnement n’est pas une activité, c’est une posture particulière qui pour remplir son rôle et être apprécié à sa juste valeur doit être mutuel et partagé. Mais dans cet espace qu’est le CMPP et qui reçoit des enfants dont on dit à l’extérieur (à l’école, dans le quartier…) qu’ils sont des « diables », quelle position l’éducateur peut-il tenir pour accompagner ces enfants dans des attitudes différentes de leur conduite habituelle ? Un travail de recherche s’appuyant sur différentes théories (philosophique, pédagogique, psychologique et psychanalytique), m’a permis d’émettre l’hypothèse suivante : Par son fonctionnement particulier et les médiations variées et originales proposées aux enfants, le dispositif d’accueil éducatif du CMPP peut se concevoir comme un espace propice à l’étonnement de tous les acteurs. C’est cet espace d’étonnement possible qui peut créer une ouverture dans les représentations symptomatiques de l’enfant afin de l’amener à penser que les choses peuvent être autrement et ainsi d’accéder à une position de sujet. Consciente d’avoir choisi un sujet dont le terme principal est à travailler théoriquement, je commencerai par faire un détour sur son histoire et sur la façon dont la philosophie, la psychologie cognitive et la pédagogie se sont saisis de ce terme. Dans un deuxième temps, à travers une présentation de la structure où j’ai été en stage et des enfants qui y sont reçus je voudrais préciser comment l’étonnement peut tenir une place intéressante au sein-même des axes de travail et des problématiques rencontrées. Enfin, sous la forme d’un journal professionnel et à travers les différentes fonctions de l’étonnement, je proposerai dans un troisième temps, en m’appuyant sur des éléments théoriques et de terrain, une argumentation propre à tester mon hypothèse. Je ferai ainsi part d’expériences par lesquelles j’ai pu éprouver ma position de manière autonome.

L’idée que mon sujet de réflexion soit trop intuitif et trop abstrait pour être travaillé sans le sens d’une perspective psychopédagogique de l’éducateur, je dois l’avouer, m’a effleuré. Il m’a donc fallu, dans un premier temps « légitimer » et « circonscrire » cette intuition qui me semblait bien fondée, à l’aide de la recherche théorique. Cette démarche de recherche m’a permise de me replonger dans la philosophie et de me souvenir d’elle comme la mère de la réflexion pédagogique et éducative. Les recherches en pédagogie m’ont permises de redéfinir le besoin de sens jailli de l’étonnement comme une condition fondamentale à toute avancée, à toute évolution. Pour les enfants en difficulté que nous rencontrons au quotidien, il est important de garder à l’esprit que le besoin de sens s’exprime quand il peut être entendu comme un besoin de plénitude, besoin de s’insérer dans un environnement fiable et sécure dans lequel il lui sera possible de puiser l’énergie nécessaire pour surmonter cette première étape de mise en branle de la pensée qu ‘est l’étonnement. Il semble également tout autant essentiel de reconnaître dans le besoin de sens des enfants la rupture, la faille dans l’univers habituel et l’échec de l’égocentrisme pré-réflexif. Cette rupture c’est le propre de l’étonnement car c’est par lui que ce que l’on croyait connu au point de passer pour évidence et de donner matière à pédagogie répétitive peut prendre le bon sens à contre-pied. Ainsi, par l’étonnement, la pensée enfantine accède intuitivement et à son rythme à la conscience de sa position de sujet et s’ouvrent, alors, des possibles de progrès. A partir du moment où l’on desserre l’étau qui fait qu’on a plus qu’une solution, on en offre d’autres. Ainsi, l’enfant comprend que le monde ne se réduit pas à ce qu’il vit et qui lui est permis de choisir dans l’éventail des possibilités qui s’offrent à lui. Parmi ces possibilités, celle de se séparer psychiquement pour rencontrer différemment. En effet, ce n’est qu’avec ce vide que révèle l’étonnement que le désir, preuve de l’existence du sujet responsable, peut renaître. Il s’agit alors pour l’éducateur qui travaille auprès d’enfants en difficultés, scolaires notamment, de favoriser l’étonnement, l’envie de savoir, de savoir être, de savoir-faire, car c’est la culture de l’étonnement qui pourra entretenir et enrichir une ouverture intellectuelle indispensable à tout progrès. Alors, l’enfant pourra vivre autrement son temps à l’école et, par là même, améliorer son image de celle-ci. Néanmoins, pour que cela soit possible il faut créer un cadre à cette rencontre entre l’enfant et l’éducateur. Dans ce cadre que l’on nomme espace éducatif, espace médiateur, il s’agit d’accepter l’enfant tel qu’il est, dans ses difficultés présentes et de susciter son étonnement en donnant aux troubles du comportement qui résultent de sa problématique, la chance de s’exprimer afin qu’ils puissent être remaniés. Ainsi, l’espace éducatif et ses acteurs tolèrent le symptôme de l’enfant tout en lui proposant de s’insérer dans cette ambiance libératrice et exprimer son angoisse par la parole et non plus par l’action. C’est dans cette perspective qu’il s’agit de savoir accueillir la nouveauté, l’imprévu, de savoir provoquer le hasard et de s’attacher à repérer ce petit quelque chose qui n’est pas comme d’habitude et dont il convient de se saisir. Ceci semble être le principe même de ce qui se nomme la « métis grecque » que l’historien J.P Vernant définit comme une « prudence avisée ». La métis grecque a pour élément principal le « Kairos » qui est le sens de l’opportunité. Au temps des Grecs, elle était utilisée pour décrire les savoirs et pratiques qu’il convient de mettre en œuvre dans des configurations sociales très instables (telles les compétitions). Dans cet écrit il est également question de l’étonnement de l’éducateur comme élément essentiel pour permettre à l’enfant de se sentir regardé autrement. Ainsi, on peut penser que toutes nos activités de soin c’est montrer que l’autre a quelque chose à voir de différent en lui offrant une continuité qui ouvrira des possibles au sein des mécanismes de défense. Par le travail d’élaboration sur les phénomènes transférentiels et contre-transférentiels, en étant libres à l’intérieur de nous-mêmes pour accueillir l’enfant, on lui permet de penser qu’il nous fait réagir différemment. Il s’agit alors de garder de la fraîcheur, de conserver une capacité à déranger les stéréotypies institutionnelles tout comme celles des enfants et de guetter les déséquilibres où quelque chose peut advenir. En acceptant d’être étonné par les enfants, avec l’écoute et l’intuition qu’il faut, la surprise peut être grande… Je dois également dire que le lieu où j’ai réalisé mon stage m’a donné la chance d’entrevoir cette réflexion sur l’étonnement comme quelque chose d’essentiel, cependant une question subsiste : que se passe-t-il quand l’éducation n’a plus les espaces progressivement élagués pour pouvoir se déployer et construire des projets de découverte et d’étonnement ? Que se passe-t-il quand les projets individualisés ne laissent plus de place à l’étonnement, quand la question de l’évaluation et des pathologies diagnostiquées devient trop prégnante et enfermante ? Il faudrait se poser la question de comment ne pas se départir d’une psychopédagogie de l’étonnement. Enfin, je dois ajouter que l’étonnement ne fait pas tout et qu’au CMPP on ne passe pas notre temps à décaler des enfants. On met du jeu… Mais il m’a semblé important, ici, pour affirmer ma position professionnelle, de réfléchir à la question de l’étonnement comme ce qui succède à la surprise et qui, à la passivité qui agresse les enfants que nous rencontrons, intègre l’activité naissante de la recherche psychique et intellectuelle. Ce moment fondamental pour la pensée est tout d’abord celui où le monde apparaît dans son altérité radicale, puis, c’est ensuite le moment où le sentiment d’impuissance intérieure et d’étrangeté permet aux enfants de faire l’expérience de leur psychisme incarné. C’est dans l’étonnement que la conscience peut faire l’apprentissage d’elle-même et prendre une juste mesure de sa situation et de sa valeur.

Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
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Le corps, support éducatif pour accompagner le jeune psychotique dans sa relation à autrui

INTRODUCTION GENERALE J’ai effectué mon stage long à responsabilités dans un Institut Médico- Educatif (I.M.E.) grenoblois qui dépend de l’A.F.I.P.A.E.I.M., l’Association Familiale Iséroise des Parents et Amis d’Enfants Infirmes Mentaux. Les I.M.E. sont des structures médico-sociales, créées dans le cadre de la loi de 1975, qui relèvent à la fois du ministère des Affaires sanitaires et sociales et du ministère de l’Education Nationale. Ils accueillent des enfants et adolescents déficients intellectuels, qui peuvent aussi être atteints de divers handicaps moteurs (Infirmes Moteurs Cérébraux) ou d’encéphalopathies graves. Ils fonctionnent soit en externat soit en internat, et leur visée est avant tout pédagogique. Ils disposent par ailleurs d’une section éducative et d’une section professionnelle. L’I.M.E Daudignon est un semi-internat, qui accueille sur deux sections 90 enfants et adolescents déficients intellectuels moyens, autistes, psychotiques et déficitaires graves. A mon arrivée sur le groupe 3 de la Section Education, qui accueille huit jeunes de 12 à 14 ans, j’ai d’emblée été intriguée par certains d’entre eux, dont le comportement particulier me déstabilisait. Ainsi, leur relation à l’autre semblait excessivement perturbée : certains ne pouvaient se détacher de l’adulte et agissaient de manière très agressive et incontrôlée, d’autres au contraire étaient très inhibés, semblant craindre la moindre tentative d’approche. Ils m’ont peu à peu émue, étonnée, j’ai alors voulu mieux les connaître et tenter de comprendre le monde dans lequel ils vivaient. Dans ce mémoire, je m’attacherai donc à retracer ma réflexion éducative concernant ma rencontre avec les jeunes psychotiques. Au fil du temps, j’ai essayé de trouver un moyen pour les approcher, tout en m’inscrivant dans le projet de groupe et, au delà, dans le projet de la section Education. La section éducation vise entre autres, à travers de nombreuses activités, l’expression et l’autonomie des jeunes ainsi qu’un travail relationnel et un travail sur le corps. Quant à l’objectif éducatif majeur du groupe 3, il est d’aider les jeunes à « grandir » : l’éducateur les accompagnera donc au quotidien pour qu’ils se développent à partir de leurs capacités, tout en leur permettant d’acquérir une plus grande confiance en eux. Peu à peu, j’ai ainsi pu comprendre tout l’intérêt des activités médiatrices, comme élément moteur de la prise en charge dans l’établissement. Ma réflexion a commencé à se structurer avec l’observation des jeunes et le partage de moments du quotidien avec eux. J’ai constaté qu’ils expriment leur état intérieur à travers leur corps plus qu’à travers la parole. Cependant, cette expression symptomatique ne permet pas l’échange avec autrui. Je me suis alors demandée comment le corps, que de nombreux auteurs ont mis en évidence comme le premier élément de la relation au monde, pourrait être pour eux un support à la relation. Tout en s’incluant dans le projet éducatif du groupe 3, la mise en place d’un atelier ayant le corps comme support m’a donc semblé pertinente pour inscrire ces jeunes dans une relation d’échange, tout en prenant en compte leurs difficultés d’expression. Pour débuter cette étude, je situerai le cadre de mon action éducative : après avoir présenté de manière générale les psychoses infantiles, je développerai les constats qui m’ont amenée à m’intéresser à un outil éducatif particulier pour accompagner les jeunes psychotiques. Je m’attacherai ensuite à analyser les symptômes que j’ai pu observer, avant d’évoquer l’intérêt du support choisi pour accompagner ces jeunes. Je décrirai dans un deuxième temps la manière dont j’ai construit mon projet d’action éducative et ses caractéristiques, avant de présenter deux jeunes psychotiques qui ont participé à l’atelier. Dans ces études, je tenterai de voir si le support choisi leur a permis ou non de s’ouvrir à autrui et j’émettrai des hypothèses à ce sujet. Pour finir, je questionnerai le rôle de l’éducateur en m’attardant sur les limites et les apports de mon action.

Les jeux de console, une expression de modernité

Un phénomène économique, social, s'amplifie et se médiatise, de plus en plus, depuis le début des années 80. Aujourd'hui, à la fin des années 90, nous pouvons dire que le phénomène s'est imposé dans notre environnement quotidien, mettant ainsi un terme à une première période d'expansion. A l'aube de l'an 2000, les jeux vidéo se sont répandus sur l'ensemble de la planète, profitant des dernières innovations technologiques. Pourtant, tous les initiés nous disent que nous n'en sommes qu'à la « préhistoire » des jeux vidéo. Au-delà de l'émergence d'un phénomène de masse, nous ne pouvons ignorer que les jeux vidéo ont essentiellement un public d'enfants et d'adolescents. Mais les enfants grandissent et les jeunes des années 80 sont aujourd'hui devenus des adultes qui utilisent, créent et améliorent des concepts de jeux de plus en plus attractifs. Le fait est que les individus passent de plus en plus de temps à jouer ou à utiliser des logiciels.

Quand l'éducateur se retrouve en position de tiers à l'ASE
Ainsi, mon parcours de formation fut marqué par plusieurs expériences de terrain très enrichissantes. J’ai commencé la première année avec un stage hors champ de l’éducation spécialisée (stage externe), à la Croix-Rouge Française à Marseille. J’intervenais sur trois secteurs : l’accueil familial (distribution de colis alimentaires, vêtements, conseils, orientation), la « petite plume » (espace de jeux, d’éveil, de socialisation pour les jeunes enfants, et en même temps de rencontre pour les parents), et le SAMU Social, en lien avec le 115 et le SAMU Social de la Ville de Marseille. Cette expérience en direct avec la grande précarité, qui mêle à la fois des personnes sans domicile, des travailleurs pauvres, des étrangers en situation irrégulière, des personnes toxicomanes ou alcooliques… a été pour moi une expérience humaine et professionnelle très forte. Mon premier stage spécialisé s’est déroulé en IMPRO, les Chalets (Marseille 14ème) avec des adolescents de 16 à 21 ans présentant une déficience intellectuelle, en pré-formation professionnelle dans la Restauration cuisine et service. Ce stage a été pour moi l’occasion de découvrir de façon plus approfondie le handicap et tout le travail de formation et d’insertion qui y est réalisé. Pour le second stage spécialisé, j’étais en Maison d’Enfants, la Reynarde (Marseille 11ème) sur un groupe d’adolescents de 12 à 17 ans. Ce travail en internat m’a vraiment permis de prendre conscience de l’importance du quotidien dans l’acte éducatif. Et dans ce quotidien fait de levers, couchers, accompagnements divers, sorties, loisirs… deux dimensions coexistent sans cesse : la routine, avec tous ses rituels, et l’imprévu. Comme le dit J. Rouzel, « il faut laisser une porte ouverte a l’imprévu, à l’insu, à l’inouï (…). Trop souvent nous considérons l’imprévu sur le mode de quelque chose qui dérange »
L’accompagnement de l’adulte souffrant de troubles mentaux en CHRS
Monsieur Eric déambulait dans le couloir du Centre. Je ne le connaissais pas. Sa démarche était rapide, son regard absent, un lent monologue l’animait. Je m’approchais de lui et le saluais. Il ne me répondit pas, ne marqua pas de pose et se dirigea vers sa chambre. Je rencontrais l’étrangeté d’un individu qui me semblait être hors de la réalité immédiate, me retrouvais seul avec mon bonjour, comme si cette recherche de lien ne prenait pas sens pour l’usager. Au-delà de cette absence de communication, d’échange, c’est la présence, la visibilité du corps dans ce qu’il donnait à voir qui retint mon attention – « le corps (…) est la trace la plus tangible du sujet, dès lors que se distendent la trame symbolique et les liens qui le rattachait aux membres de sa communauté » - et me questionnait : n’avais-je pas été présent physiquement à ses yeux pour que la parole ne puisse émerger entre lui et moi ? Fallait-il peut-être ne pas chercher de suite à établir un contact mais laisser l’autre appréhender ma personne, le nouvel éducateur de l’équipe ? Comment faire en sorte que le résidant retrouve une adhésion à son environnement immédiat, à l’environnement social ? Depuis maintenant plus de trois ans, ces questions, parmi d’autres, alimentent ma pratique socio-éducative auprès d’adultes ayant des troubles mentaux stabilisés, hébergés en Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (C.H.R.S.) . Ainsi, le C.H.R.S., au regard de ce public spécifique, est un lieu d’hébergement transitoire, une passerelle qui fait lien entre un avant – une hospitalisation en psychiatrie – et un après, un devenir et la place qu’occupera l’individu au sein du corps social.

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