Pour les adolescents des Instituts de rééducation, le jeu semble envahi par la pulsion
agressive. Frédéric était très énervé. C’était un retour de week-end et comme
tous les lundi matin, il voulais jouer de la batterie. Pendant une heure, je l’entendis
frapper sur les cymbales, faire des roulements de caisse claire etc. Cet instrument
était investi par Frédéric qui trouvait là une médiation (un tiers) entre la réalité et
ses pulsions. La batterie lui a permis d’expulser ses tensions, ses émois dans ce contenant
qu’est l’activité musique. Béatrice Ang, psychopédagogue et psychothérapeute
à Paris, considère que :
« toute institution est d’abord un espace de scénarisation
et de mises en actes, aussi les adolescents
atteints de troubles du comportement
vont-ils utiliser l’espace institutionnel comme un
espace scénique. »
Il est difficile une fois encore de savoir quel rôle a pu jouer l’atelier pour
ces garçons. Est-ce vraiment la musique qui est responsable de ce qui leur arrive ?
La coïncidence est frappante, mais pour m’en persuader, il me faudrait faire une
enquête avec tous les garçons ayant participé à l’atelier depuis sa création. Je
pense tout de même que l’activité musique a contribué à développer chez ses garçons
des potentialités sur lesquelles ils ont pu se reposer pour envisager le futur et
leur (ré)intégration dans le monde social et du travail.