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Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

L'autisme le silence

L'autisme    le silence

L’autisme aujourd’hui, grâce en partie à l’action d’associations de parents puissantes, jouit (pourrait-on dire) d’une certaine notoriété. Aux côtés des personnes souffrant d’un traumatisme crânien, les autistes bénéficient d’une loi particulière (et d’une circulaire) qui vient compléter les lacunes, en terme de prises en charge, de la loi du 30 Juin 1975. Le choix de mon stage est à inscrire dans cet engouement, qu’aujourd’hui, suscite la personne autiste. Son caractère éminemment énigmatique participe à cette explosion récente du souci qui lui est porté. Durant cette année passée auprès d’un tel public, je me suis efforcée de comprendre quels pouvaient être les besoins spécifiques et quels outils éducatifs je pouvais mettre en place afin d’y répondre.

Dès le mois de Mars 1999, mon intérêt s’est tourné vers les difficultés de communication dont les autistes pouvaient souffrir. Ainsi, dans cet écrit de fin d’étude, j’aspire à présenter un outil éducatif, pour le moins original, le silence, qui tente de répondre à cette difficulté particulière dont souffre la personne autiste : celle d’une impossible communication. Or, tout au long de ma formation, (et de mes différents stages plus particulièrement), je me suis interrogée sur les qualités de la parole dans l’acte éducatif et aussi sur les difficultés qu’elle engendre bien souvent. Comment, en effet, aider des adolescentes murées parfois dans un certain mutisme à dire quelque chose de leurs souffrances ? Qu’en est-il aussi de la compréhension de notre parole qui, parfois, sanctionne, auprès d’enfants lourdement handicapés mentaux ? Et enfin, quel sens à notre parole auprès d’adultes autistes ?

C’est avec cette population d’adultes autistiques, dans un foyer de vie, à S que cette problématique de la validité de la parole de l’éducateur s’est révélée. Pourquoi avoir choisi ce stage ? C’est lors de mon premier stage, effectué dans un Institut Médico Pédagogique où il y était accueilli des enfants atteints de graves troubles mentaux et dont quelques-uns étaient autistes que j’ai découvert cette pathologie singulière. Il m’est apparu de graves lacunes dans les prises en charge de ces enfants et aussi dans le «savoir» des professionnels à ce sujet.

J’ai donc souhaité approfondir mes connaissances de cette pathologie des réponses que l’éducateur pouvait y apporter. Puis, à l’entrée de ce stage long, j’ai fait un constat assez paradoxal. Alors que nous étions en présence de résidants pour la plupart mutiques (ou du moins écholaliques) nous vivions dans un univers extrêmement bruyant, parasité par de multiples bruits de fond (musique, cri, bavardage). Que pouvait alors bien dire ce bruit, ce brouhaha constant du non usage de la parole des résidants ? Comment l’éducateur se situait aussi face à ce mutisme de l’autre ? Le silence pouvait-il être d’or alors que la parole ne serait-être que d’argent ? Il me paraît important d’expliciter initialement que, dans tout dialogue, le silence participe à part égale avec le langage et les manifestations du corps qui l’accompagne. Ainsi, comme peut le prétendre David LE BRETON : «Si la possibilité du langage caractérise la condition humaine et fonde le lien social, le silence, lui préexiste et perdure dans l’écheveau des conversations qui inéluctablement rencontrent à leur origine et à leur terme la nécessité de se taire.»p19 Cependant, les ressentis face au silence peuvent être véritablement différent.

Et, c’est sans doute cette différence, ce clivage qui est manifeste dans la rencontre entre l’autiste et l’éducateur. En effet, si certains individus s’établissent dans le silence comme en un refuge, d’autres s’en effraie et n’ont cesse de s’en défendre. A partir de ce constat, il me semblait intéressant d’étudier les particularités de la non communication de l’autiste (qui n’est pas pour autant en non relation). De là, est née la problématique de cet écrit et les hypothèses de travail. Dans ce contexte singulier de la rencontre avec des personnes autistes, qui oscillent entre le mutisme et le cri, l’éducateur ne doit-il pas interroger le sens qu’a sa parole, sa légitimité ? Ne serait-il pas intéressant qu’auprès d’une telle population, celui-ci apprenne à user de son silence ? Ainsi, mes deux hypothèses de travail seront les suivantes : Ø La première tentera de mettre en exergue le pourquoi d’un tel bruit de fond incessant dans cette institution et de comprendre à quels besoins cela répond. ØLa seconde essaiera de promouvoir les qualités du silence de l’éducateur dans la rencontre auprès de personnes autistes.

Pour illustrer cela, cet écrit se présentera selon trois parties. Dans la première, je développerai d’une manière plutôt théorique les concepts, tels que l’autisme, le langage et leurs troubles, le silence, le bruit. Dans la deuxième partie, j’expliciterai les représentations qu’ont les éducateurs des troubles des adultes accueillis au foyer, leurs ressentis, leurs difficultés et je tenterai de définir quelles difficultés particulières sont liées à l‘apparition du langage. Dans une troisième et dernière partie, je présenterai différentes situations dans lesquelles j’ai pu expérimenter cet outil que peut être le silence de l’éducateur. Je m’efforcerai ainsi de montrer que cet espace de l’écoute est porteur d’évolution, de changement pour cet autre que l’on accompagne au quotidien, et qu’il le placera ainsi en position de sujet.

Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
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Documents associés

Le corps, support éducatif pour accompagner le jeune psychotique dans sa relation à autrui

INTRODUCTION GENERALE J’ai effectué mon stage long à responsabilités dans un Institut Médico- Educatif (I.M.E.) grenoblois qui dépend de l’A.F.I.P.A.E.I.M., l’Association Familiale Iséroise des Parents et Amis d’Enfants Infirmes Mentaux. Les I.M.E. sont des structures médico-sociales, créées dans le cadre de la loi de 1975, qui relèvent à la fois du ministère des Affaires sanitaires et sociales et du ministère de l’Education Nationale. Ils accueillent des enfants et adolescents déficients intellectuels, qui peuvent aussi être atteints de divers handicaps moteurs (Infirmes Moteurs Cérébraux) ou d’encéphalopathies graves. Ils fonctionnent soit en externat soit en internat, et leur visée est avant tout pédagogique. Ils disposent par ailleurs d’une section éducative et d’une section professionnelle. L’I.M.E Daudignon est un semi-internat, qui accueille sur deux sections 90 enfants et adolescents déficients intellectuels moyens, autistes, psychotiques et déficitaires graves. A mon arrivée sur le groupe 3 de la Section Education, qui accueille huit jeunes de 12 à 14 ans, j’ai d’emblée été intriguée par certains d’entre eux, dont le comportement particulier me déstabilisait. Ainsi, leur relation à l’autre semblait excessivement perturbée : certains ne pouvaient se détacher de l’adulte et agissaient de manière très agressive et incontrôlée, d’autres au contraire étaient très inhibés, semblant craindre la moindre tentative d’approche. Ils m’ont peu à peu émue, étonnée, j’ai alors voulu mieux les connaître et tenter de comprendre le monde dans lequel ils vivaient. Dans ce mémoire, je m’attacherai donc à retracer ma réflexion éducative concernant ma rencontre avec les jeunes psychotiques. Au fil du temps, j’ai essayé de trouver un moyen pour les approcher, tout en m’inscrivant dans le projet de groupe et, au delà, dans le projet de la section Education. La section éducation vise entre autres, à travers de nombreuses activités, l’expression et l’autonomie des jeunes ainsi qu’un travail relationnel et un travail sur le corps. Quant à l’objectif éducatif majeur du groupe 3, il est d’aider les jeunes à « grandir » : l’éducateur les accompagnera donc au quotidien pour qu’ils se développent à partir de leurs capacités, tout en leur permettant d’acquérir une plus grande confiance en eux. Peu à peu, j’ai ainsi pu comprendre tout l’intérêt des activités médiatrices, comme élément moteur de la prise en charge dans l’établissement. Ma réflexion a commencé à se structurer avec l’observation des jeunes et le partage de moments du quotidien avec eux. J’ai constaté qu’ils expriment leur état intérieur à travers leur corps plus qu’à travers la parole. Cependant, cette expression symptomatique ne permet pas l’échange avec autrui. Je me suis alors demandée comment le corps, que de nombreux auteurs ont mis en évidence comme le premier élément de la relation au monde, pourrait être pour eux un support à la relation. Tout en s’incluant dans le projet éducatif du groupe 3, la mise en place d’un atelier ayant le corps comme support m’a donc semblé pertinente pour inscrire ces jeunes dans une relation d’échange, tout en prenant en compte leurs difficultés d’expression. Pour débuter cette étude, je situerai le cadre de mon action éducative : après avoir présenté de manière générale les psychoses infantiles, je développerai les constats qui m’ont amenée à m’intéresser à un outil éducatif particulier pour accompagner les jeunes psychotiques. Je m’attacherai ensuite à analyser les symptômes que j’ai pu observer, avant d’évoquer l’intérêt du support choisi pour accompagner ces jeunes. Je décrirai dans un deuxième temps la manière dont j’ai construit mon projet d’action éducative et ses caractéristiques, avant de présenter deux jeunes psychotiques qui ont participé à l’atelier. Dans ces études, je tenterai de voir si le support choisi leur a permis ou non de s’ouvrir à autrui et j’émettrai des hypothèses à ce sujet. Pour finir, je questionnerai le rôle de l’éducateur en m’attardant sur les limites et les apports de mon action.

Le théâtre comme outil privilégié de l’accompagnement des adolescents en MECS.
Mais j’ai pu remarquer, au cours de ma pratique, que malgré cette relation éducative crée au quotidien, les règles, les lois, les limites étaient souvent dépassées. Une autre question en découlant logiquement est donc : Certes, l’éducateur dispose de la relation éducative au quotidien pour atteindre l’objectif de socialiser ces adolescents mais quels moyens peut-il mettre en place pour parvenir à cette mission ? Je tenterai donc de montrer qu’une médiation éducative peut être un moyen possible de créer un autre espace que celui de la relation éducative au quotidien. Je vais donc tenter de montrer, dans ce mémoire, que la relation éducative en MECS se crée entre le quotidien et les médiations éducatives. Je vais tout particulièrement, ici, développer l’intérêt d’une médiation éducative théâtre que j’ai pu mettre en place dans le cadre de ce stage.
" Me débrouiller oui! Mais pas tout seul"

C'est au travers de mes expériences de stage que j'ai pu saisir comme les notions d’autonomie, responsabilité et projet étaient au cœur tant dans l’accompagnement éducatif que des projets individualisés et des projets d’établissements. Ces notions centrales sont le reflet de l’évolution de notre société où les lois de 2002 et de 2005 viennent s’inscrire en mettant l’individu au centre de ses projets et en lui donnant sa place de citoyen dans notre société. Ainsi une personne autonome est celle qui peut se définir, exprimer ses désirs, faire ses choix et se projeter dans l’avenir.

De ce fait le paysage institutionnel a connu des modifications indéniables en laissant toute sa place à l’individu. Cette nouvelle configuration s’accompagne alors de nouvelles valeurs : citoyenneté, respect des autres, promotion du projet et donc autonomie et responsabilité individuelle. Selon Molénat Xavier, ces modifications institutionnelles ont impliqué une modification des pratiques des travailleurs sociaux autour de ce nouvel impératif qu’est l’autonomie. Ainsi « les métiers de l’intervention ne sont plus perçus comme détenteurs d’une vérité à révéler, ils individualisent leur interventions, restituent les sujets et les aident à élaborer des projets (…) où l’usager va être entrepreneur de lui-même et devient alors acteur de son projet ». (MOLENAT Xavier, 2007)

Le partenariat éducateurs spécialisés /familles au nom de l'intéret de l'enfant
Dans le cadre de ma formation d’éducateur spécialisé, j’ai choisi d’effectuer mon stage à responsabilités à l’unité éducative de la baie de Morlaix (U.E.B.M). De cette structure, dépend le foyer éducatif Bellevue-La Madeleine qui prend en charge des enfants et adolescents âgés de 10 à 18 ans placés dans le cadre de mesures de protection de l’enfance (régies par l’article 375 du code civil ou à la demande des familles elles-mêmes dans le cadre d’un contrat signé avec l’Aide Sociale à l’Enfance (A.S.E). En 2006, en France, 150 000 enfants ont été séparés de leur famille dont 50 000 sont accueillis en internat éducatif. Pourtant, envisager qu’un enfant puisse être éduqué ailleurs que dans sa famille va à l’encontre du discours dominant actuel. Ainsi, pour Bruno Bettelheim, « la pire des familles vaut mieux que le meilleur des internats ». Cependant, dans certaines situations, la séparation outre qu’elle représente une mesure de protection peut aussi être un moyen de développement de la qualité des liens entre un enfant et ses parents. J. Trémintin va dans ce sens en indiquant que « ce dont a besoin l’enfant, ce n’est pas d’un lien avec ses parents biologiques qui serait par essence bon, mais de leur présence adéquate lui procurant un sentiment de sécurité et d’estime de soi ainsi qu’un plaisir partagé. Or, ces qualités, on ne les retrouve pas d’emblée chez les parents. Leur capacité d’attachement peut être suffisante et permettre un étayage suffisant. Mais elle peut tout autant s’avérer défectueuse et s’exercer d’une façon traumatisante devenant alors source d’une excitation angoissante ou d’une désorganisation pathologique ». De ce fait, pour Michel Chapponnais, « il est donc des circonstances où les accidents de la vie obligent les institutions à se substituer aux parents pour le bien de l’enfant ».

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