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Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

L'inceste, mieux comprendre, pour mieux intervenir.

L'inceste, mieux comprendre, pour mieux intervenir.

Introduction Août 1998, je fais les derniers préparatifs avant de partir en camp d’été, avec quelques garçons de l’établissement et mon collègue de travail. La Directrice de l’époque nous demande de la rejoindre dans son bureau, car un changement doit se faire dans l’effectif des jeunes. En effet, elle nous signifie qu’un garçon de douze ans doit arriver dans quelques heures à la gare. Je lui demande tout naturellement quelques renseignements concernant ce garçon. Ses réponses me font l’effet d’une « douche glacée ». Ce jeune est admis en urgence, car les services de l’A.S.E. ont fait un signalement pour « abus sexuels sur mineur de moins de quinze ans, par personne ayant autorité sur ledit mineur ». En d’autres termes, cet enfant a été victime d’inceste. La situation est urgente et ne peut permettre la mise en place du protocole d’accueil habituellement usité. Un silence pesant s’est installé dans le bureau… Indescriptible, personne ne dit mot. Chacun est (peut-être) entrain de chercher ce qu’il va pouvoir dire… Mais que dire, à une victime de l’inceste ?

Comment et faut-il aborder le sujet d’emblée ? Qu’allais-je faire avec lui durant ces dix jours de vacances à passer en sa compagnie ? Comment l’aider à « porter » ce poids ?… Je pourrais ainsi lister un répertoire de questions qui m’étaient venues à ce moment là. Mais c’est sur la route et en sa présence que j’ai compris que ce n’était pas tant de savoir quelles actions éducatives étaient à mettre en place qui me posait problème, mais qu’il s’agissait de moi, de ce que je pouvais ressentir face à cette situation. Les images qui venaient à mon esprit étaient insoutenables. Je ne savais pas comment « regarder » cet adolescent. Pour la première fois, je ne savais pas su me situer professionnellement car un « malaise profond » vis à vis de cette situation entravait mon action. Ainsi, ma recherche tentera-t-elle de cerner et de comprendre ce qui est en jeu dans la relation d’aide au public victime de violences sexuelles, avec pour objectif une utilisation de ces données, tant dans ma réflexion que dans ma pratique. De ce fait, mon étude, au delà de l’intérêt sociologique et théorique, met en évidence des enjeux professionnels qui méritent à la fois réflexion et approfondissement. Aussi, mes préoccupations d’ordre professionnelle constitueront-elles les tenants et les aboutissants de ma recherche. A noter que le travail de théorisation est alimenté à chaque phase de mon travail par des éléments directement liés aux besoins des publics concernés et/ou à mes actions. De plus, ces apports théoriques permettront de « nourrir » des éventuels débats, réflexions, autour des pistes qu’elles suggère, pour une action plus efficace. Mon mémoire de fin d’études, n’est pas le lieu d’une évaluation du travail social, ni celui de plaidoyer ou de polémiquer sur telle ou telle institution, ou telle ou telle profession. Ainsi, tenterais-je à partir de ma propre expérience, d’identifier les raisons pour lesquelles un malaise « trouble et profond » surgi, face à une situation d’inceste.

Il ne s’agit pas de savoir, uniquement ce qu’est l’inceste, bien que cela soit nécessaire de manière théorique, mais bien au delà de l’identification de ces situations, tenter de mieux me situer, pour mieux intervenir… Tenter de « balayer » mes a priori, mes préjugés. Septembre 1986, le livre d’Eva Thomas, « Le viol du silence »·, est publié : témoignage émouvant et poignant d’une femme victime d’inceste à l’âge de quinze ans. Apporté par une victime, ce témoignage met à nu du ressenti et non une approche théorique à distance. Pour la première fois en France, le voile du silence est levé sur un sujet aussi tabou, les valeurs fondamentales sociales ébranlées et les discours forcément passionnels. Personne n’est indifférent, choqué, outré, curieux, compatissant, ce « séisme » provoque une résonance en chacun de nous. L’été 1988, meurtrier, on se souvient des enfants retrouvés assassinés après avoir été violés, n’a fait qu’amplifier cette prise de conscience collective et médiatique des dangers encourus par les enfants. En mars 1989, l’émission télévisée « Médiations », de François De Closets, est consacrée au thème de l’inceste, une première : de nombreuses femmes témoignent et livrent leur vérité au grand public, choqué, mais parfois incrédule, doutant d’une réalité insupportable. Parallèlement, des mesures gouvernementales sont prises dans un souci de prévention et de protection de l’enfant victime de violences sexuelles. Désormais, l’inceste est un sujet que « l’on parle » et que « l’on entend » peut être.

Mais aussi, ce processus a-t-il permis également aux enfants et leur famille, de manière plus large, à dénoncer des actes de pédophilie. C’est un encouragement à l’écoute de la parole de l’enfant. Si j’ai voulu traiter ce sujet sur mes représentations de l’inceste, c’est sans doute du au fait que d’une part, à l’issue de ma formation je constate que celle-ci, à aucun moment ne m’a apporté d’élément de compréhension sur un sujet aussi important dans le travail social. Et que d’autre part, cela est du aussi à l’opportunité que j’ai eue, d’avoir intégré un groupe de réflexion : travailleurs sociaux, avocats, juge pour enfants, parents… qui se retrouvait régulièrement pour réfléchir, s’interroger, échanger sur le problème des abus sexuels à l’égard des enfants et des violences familiales. Chacun relatait son expérience dans son domaine en exprimant souvent des sentiments de l’ordre de l’angoisse, du désarrois. Ayant été confronté à plusieurs reprises à cette situation au cours de mon activité professionnelle et extra professionnelle en tant que famille d’accueille, je me suis senti également très démuni et mal à l’aise, face à ces jeunes adolescents – filles et garçons – en grande souffrance… - Que dire ? Que faire ? Comment rester objectif ? Autant de questions qui me venaient, mais autant de questions sans réponse. Aussi, m’a-t-il paru intéressant de faire ce cheminement de remise en question et d’analyse avec ces partenaires et travailleurs sociaux, partageant la même motivation. C’est à dire, mieux comprendre pour mieux aider. Très vite, j’ai constaté que l’inceste et au sens plus large, les abus sexuels à l’égard des enfants, est un sujet autour duquel gravitent de nombreux à priori, jugements, tabous. Ces situations suscitaient chez moi un sentiment de trouble profond, un état d’inquiétude, d’embarras, difficilement cernable et explicite, plus précisément un malaise, une peur exprimée d’ailleurs fortement par les travailleurs sociaux, se disant insuffisamment armés et formés pour répondre à ces situations. Trop de questions sont présentent à mon esprit : · Faut-il croire l’enfant se disant victime d’inceste ? · Faut-il intervenir et comment ? si oui, quelle aides proposer ? Et plus généralement : · Que faire en tant qu’Educateur-Spécialisé lorsque nous sommes dépositaires d’un de ces secrets de famille ? ·

Ainsi, à partir de ce questionnement, voici ce que j’ai pu établir en terme de problématique : Partant du constat, que bon nombre de travailleurs sociaux font part de leur malaise face à des situations d’inceste, j’ai souhaité répondre à cette question : Pour quelles raisons, les situations d’inceste auxquelles je suis confrontées éveillent en moi un « malaise trouble », et en quoi et comment ce malaise ne permet pas d’apporter une aide appropriée aux victimes d’inceste ? Pour tenter d’y répondre, j’ai donc interrogé et écouté des professionnels s’exprimer sur ce sujet. Cette première investigation m’a permis d’obtenir quelques éléments de réponses, sommaires et partielles à mon questionnement, et de formuler l’hypothèse suivante à partir de mes constats : Tout d’abord, ce malaise serait engendré par la situation elle-même, de part sa complexité, sa gravité, mais également de part ce qu’elle implique et renvoie à un niveau personnel et professionnel chez l’intervenant ; Ensuite, ce malaise serait lié à des dysfonctionnements, d’ordre institutionnel : absence de formations, de connaissances théoriques et de préparation à ce type de situations dans le cadre de la formation initiale et continue. Enfin, parmi les différents paramètres à l’origine du malaise des travailleurs sociaux, je ne retiendrai que ceux exposés ci-dessus pour essayer de répondre à ma problématique.

Puisque bien entendu, il existe autant de paramètres que de personnes intervenant dans des situations d’inceste. Les relations incestueuses mettent en jeu différents « partenaires » - père/fille mère/fils, père/fils, sœur/frère… - qui impliquent une problématique différente et donc une prise en charge spécifique à chaque cas de figure. Il s’agira également uniquement de relations incestueuses d’adulte à mineur ou entre en jeu des rapports de force, de dépendance et de responsabilité, d’autorité de l’adulte à l’égard de l’enfant victime. Retracer ma démarche de travail n’a pas été une tâche aisée, dans la mesure où elle a connu un cheminement sur quelques mois seulement. Il m’a fallu donc, essayer de pendre un maximum de recul, me questionner sans cesse. Je peu cependant distinguer deux phases essentielles de ma dite démarche : - La première, que je nommerai de « maturation », fut une phase durant laquelle j’ai eu énormément de contacts et d’échanges avec divers intervenants sur le thème de l’inceste. J’ai également effectué des travaux de recherches et de documentations, de réflexion, visionner différents films, documentaires et émissions de télévision, ainsi que des forums de discutions sur Internet consacrés à l’inceste, visité plusieurs sites Internet, en particulier celui de « S.O.S. survivant de l’inceste ». ( w.w.w sos-inceste.org ). Ainsi, cette première phase, m’a-t-elle permis d’être plus rigoureux et plus clair quant à la recherche d’outils de travail à l’élaboration de mon étude. - La seconde, que je nommerai « méthodologie de recherche propre au mémoire », comporte plusieurs aspects : ° L’appui bibliographique, tout d’abord orienté vers un maximum d’ouvrages – finalement pas autant « alimentée » que je l’aurais souhaité -, recherches de publications, de revues de presses, études de cas, dossiers, … A savoir, que tous les chiffres énoncés dans mon devoir sont bien évidemment à titre indicatif.

Ce travail m’a permis d’acquérir une connaissance certaine sur l’inceste et d’élaborer une réflexion personnelle. En outre, certains ouvrages ont été particulièrement utilisés dans la réalisation de mon travail, mais beaucoup d’autres, n’ont été que compulsés. ° Ensuite, j’ai sollicité l’aide d’associations susceptibles de me procurer documentation et informations, telles que l’Association S.O.S Inceste Solidarité Droits de l’Homme – Paris, la Fondation pour l’Enfant – Paris, l’Association Française de la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence, … ° J’ai également pu réunir une importante documentation riche et variée, m’offrant des points de vues très divers et une grande ouverture liée, entre autres, aux différences de provenances des documents. Ainsi, ais-je pu, via Internet, obtenir de la documentation du Canada, d’Autriche, de Suisse, d’Allemagne, d’Asie, de Suède,… où l’approche d’un interdit pourtant Universel varie selon les cultures en terme de législation notamment. °

Enfin, j’ai rencontré des travailleurs sociaux ayant déjà été confrontés à des situations d’inceste. Cela dit, j’ai limité mon champ d’investigation au département de Haute-Saône, où l’on peut constater par ailleurs, « une augmentation des signalements en nette progression »·, mais aussi, une évolution dans la prise en charge dans ces situations complexes concrétisées notamment par des campagnes de sensibilisation et de prévention auprès des enseignants, parents d’élèves, enfants, travailleurs sociaux. Cette démarche des autorités et bien évidemment expansive à l’abus sexuel des enfants et implique la pédophilie. ° Pour la constitution de mon échantillon, j’ai cherché à cibler les travailleurs sociaux les plus susceptibles d’être confrontés à des situations d’inceste et ayant au moins une expérience dans ce domaine. Ils occupent donc des postes différents, et interviennent à des temps précis dans une procédure de prise en charge de ces situations. Cet échantillon est composé de seize personnes.

J’ai été confronté à la sexualité interdite d’un enfant avec une personne ayant autorité sur lui. Cette situation a mis en image chez moi des scènes sexuelles insupportables, inimaginables et angoissantes, car assimilées à la violence, à la perversion, à l’abus de pouvoir, à la sexualité de l’enfant, à la « faute des/du parent… ». Mais ayant également un grand pouvoir d’attraction et d’évocation refoulé dans mon inconscient. J’ai du alors affronter des fantasmes qui s’imposaient à moi, source de grande culpabilité. Cette dernière est renforcée par le sentiment d’impuissance professionnelle et personnelle, qui ne peut tout solutionner, je n’avais pas su protéger l’enfant de ce danger et surtout, je ne parvenais pas à rester objectif professionnel en somme. Jugeant ces parents défaillants ou cet enfant pervers.

Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
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Les elles de la prévention

Durant un an, j’ai partagé le quotidien du club de prévention d’Empalot ; ce stage en responsabilité constituait l’aboutissement de ma formation. La motivation qui m’ a poussé à choisir ce stage reposait en partie sur la pratique du « travail de rue ». L’idée d’aller vers les jeunes, de fonder la relation éducative sur la libre adhésion, était pour moi une dimension nouvelle dans le travail éducatif correspondant à ma vision de l’éducateur. Au départ, mes préoccupations et interrogations portaient plus sur les thèmes de l’interculturalité, de la délinquance , de la stigmatisation des habitants des quartiers et de l’exclusion qui en est la conséquence. Si la prévention spécialisée vise tous les jeunes en situation de rupture, de danger et de souffrance sociale, force est de constater qu’historiquement les actions éducatives de la prévention visent plutôt les garçons qui ont mis en échec tous les autres dispositifs d’insertion existant. Les politiques eux-même, en quête de paix sociale, ne semblent que peu s’intéresser à la souffrance de certaines habitantes des quartiers, souffrance qu’elles expriment souvent de façon moins démonstrative que leurs frères. Toutefois, il existe, dans certains clubs de prévention, une réelle volonté de développer des actions vers les filles, c’est le cas notamment de celui d’Empalot. Cette démarche de l’équipe éducative m’a fait réfléchir sur les problèmes spécifiques rencontrés par les jeunes filles dans les quartiers,, en particulier dans celui d’Empalot. Comment alors prévenir une exclusion et une souffrance peut-être plus discrètes que chez les garçons mais tout aussi réelles ?. L’action de prévention implique bien « d’aller vers » mais les outils destinés à la rencontre des jeunes sont-ils adaptés à la rencontre de tous, ou seulement des garçons ? Doit-on travailler de la même façon avec les filles et les garçons ? Mon hypothèse est qu’à l’instar du travail de rue, qui constitue un outil de préparation à la relation éducative pour les garçons, il faut créer des espaces, mener des actions permettant aux filles d’entrer en relation avec la structure éducative à travers des moments de présence sociale spécifiques au public féminin. J’ai volontairement privilégié une approche sociologique dans mon travail car elle me semble intéressante pour comprendre les problèmes, l’histoire sociale qui traversent tout un groupe de personnes, comme les filles d’Empalot, sujet de mon étude. De plus, le travail de l’éducateur en prévention spécialisée doit s’accompagner d’un regard d’ethnologue, indispensable à la compréhension des codes, des usages et des pratiques des personnes vivant sur un territoire donné. Avant toute chose, il m’a semblé essentiel de redéfinir ce qu’était la prévention spécialisée aujourd’hui. Si les principes sont communs à tout les clubs de prévention, chaque quartier, chaque équipe a une spécificité qui implique des actions et des public différents. Je me suis donc appuyé tout au long de ce travail sur mon expérience à l’association socio-éducative Daste-Empalot. Travailler avec les jeunes suppose que l’on s’intéresse à leur environnement, leur parcours de vie, leurs difficultés. Si chacun a sa propre histoire personnelle, un certains nombres d’éléments sont communs à tous les jeunes suivis par les équipes de prévention. L’histoire des quartiers, de l’immigration, sont autant d’éléments partagés par ces jeunes. Une fois encore, je m’appuie sur l’exemple d’Empalot. La déviance, l’exclusion sont autant de facteurs communs, à différents niveaux, aux jeunes que j’ai pu rencontrer lors de mon stage. Pour autant, il semble que se dégagent des différences importantes entre garçons et filles. Différences dans leur histoire, leurs codes mais aussi dans la façon de vivre et d’exprimer cette souffrance. Les jeunes femmes que j’ai pu suivre lors de mon stage étaient âgées de 13 à 25 ans, et très largement issues de l’immigration nord-africaine ; il me semblait donc important de m’arrêter sur la façon dont ces jeunes filles vivent au quotidien les valeurs qu’elles peuvent partager. La dernière partie porte sur ma vision de l’éducateur en prévention spécialisée, présente les valeurs sur lesquelles je fonde mon action éducative ; j’y évoque aussi les actions permettant de vérifier mon hypothèse que j’ai pu mettre en place ou dans lesquelles je me suis impliqué...

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Les enfants errants de l’immigration.

Aussi, il ne s’agira pas ici de tenter de traiter le problème de l’immigration en tant que telle, avec son cortège de tragédies, de difficultés et parfois de réussite. Il ne sera pas question non plus de décrire ni de proposer quelque alternative que ce soit à l’épineux problème des sans papiers. Ni même d’évoquer des corollaires du phénomène migratoire en terme d’intégration culturelle : port du foulard, la beur- génération etc.… . Il ne s’agira encore moins de proposer une solution à quoi que ce soit. Mais, plus humblement, de tenter en premier lieu de décrire une situation faisant problème. En effet nombre de ces images, fantasmées des enfants errants de l’immigration, prennent corps dans les couloirs des gares avant que de hanter les commissariats pour se voir, un soir, accueillir dans un foyer chargé de la protection de l’Enfance. Car il s’agira ici, de démontrer qu’un mineur est avant tout un enfant et seulement un enfant et qu’a ce titre là, il sera protégé quoi qu’il en soit de sa situation légale concernant ces papiers.

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