LeSocial Emploi Prepa Doc Formateque

Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

L'internat pour jeunes sourds : un lieu pour s'entendre ?

L'internat pour jeunes sourds : un lieu pour s'entendre ?

C’est tout naturellement que je suis entrée en formation d’éducateur spécialisé. Mes activités d’enfant et d’adolescente, l’éducation que j’ai reçue m’y ont conduite avec évidence. Ma famille m’a transmis une ouverture d’esprit certaine et surtout une grande curiosité du monde qui nous entoure et des gens qui y vivent. De nombreux voyages et des relations multi-culturelles m’ont amenée à appréhender naturellement la différence, à l’accepter et à m’en enrichir. C’est, sans aucun doute, cet aspect de mon éducation qui m’a donné l’envie de m’orienter vers une profession sociale. Le fait d’avoir beaucoup travaillé en colonie de vacances et d’avoir eu l’occasion d’encadrer des enfants atteints de maladies ou de handicaps mentaux (dans le cadre d’une activité équestre) et, de ce fait, de côtoyer des éducateurs spécialisés, m’a fait choisir, plus particulièrement, ce métier. Avant d’entrer à l’IRTESS de Dijon, je m’étais fixé un parcours de formation. Je souhaitais tout d’abord travailler auprès d’adultes atteints de handicap mental (pour avoir déjà côtoyé des enfants déficients mentaux, je m’interrogeais sur ce que leur proposaient les services médico-sociaux lorsqu’ils devenaient adultes).

Ensuite, j’étais attirée par la communauté sourde que je connaissais déjà pour pratiquer la Langue des Signes Française (LSF) en association, depuis plusieurs années. Touchée par la problématique des enfants handicapés en général, et des sourds en particulier, ce n’est pas par hasard que je m’étais fixé comme objectif de travailler dans une institution pour jeunes sourds lors du stage long. Outre ma connaissance de leur langue et de leur communauté, je souhaitais mieux connaître le parcours de vie (et de développement) des personnes sourdes que je ne côtoyais qu’adultes.

Pour des raisons d’organisation, je n’ai pu choisir le lieu de mon premier stage. J’ai été accueillie à l’Institut Médico-Professionnel Vesvrotte à Beire le Chatel (21) pendant trois mois. J’y ai travaillé avec un groupe d’adolescents présentant de graves troubles de la personnalité (psychoses, autisme). J’y ai appréhendé une population que je ne connaissais pas. Mes représentations des enfants atteints de psychoses graves ont changé : je ne pensais pas que l’on pouvait établir une réelle relation avec ces jeunes. Pour mon second stage, j’ai passé quatre mois au Centre d’Aide par le Travail Ste Anne à Dijon (21) où j’ai côtoyé des adultes atteints de déficience intellectuelle, parfois associée à une maladie mentale. Lors de ce stage j’ai monté un projet basé sur l’activité « danse ». Pendant quatre mois, j’ai mené seule ce projet auprès de quatre adultes choisis pour leurs propres envies et motivations.

Une telle entreprise m’a permis de mieux comprendre la problématique de ces adultes, mais aussi d’être confrontée à des responsabilités de professionnelle. Enfin, cette année, je suis allée en stage à l’Institut de Jeunes Sourds (IJS) de Bourg-en-Bresse. J’ai choisi ce lieu de stage car la prise en charge qui y est proposée aux jeunes répondait à mes attentes. L’IJS propose à des enfants, adolescents et jeunes adultes sourds (de 3 à 20 ans), un enseignement adapté à leur handicap (de la maternelle à la formation professionnelle), dans des classes spécialisées ou en intégration. Ce type de structure étant rare en France, l’IJS accueille des jeunes venant de loin dans son internat de semaine. C’est dans cet internat que j’ai effectué mon stage d’année terminale de formation d’éducateur spécialisé. Je souhaitais approfondir ma connaissance de la population sourde et mettre en pratique ce que j’avais déjà appris à son sujet. Mon stage s’est déroulé du 5 juin 2000 au 31 mai 2001. Le premier mois m’a permis de découvrir l’établissement : les jeunes accueillis sont répartis dans différents groupes de vie au sein de l’internat (cinq). J’ai profité des premières semaines (jusqu’aux vacances d’été) pour passer un peu de temps dans des groupes différents.

J’ai ensuite choisi celui avec lequel je travaillerais les mois suivants. A la rentrée scolaire 2000/2001, en regardant tous ces jeunes vivre au sein de l’internat de l’IJS, je me suis posé plusieurs questions. Je me suis demandé si j’aurais moi-même accepté d’être séparée de ma famille pendant la semaine et d’avoir un espace de liberté aussi restreint, dès l’âge de 3 ans. C’est en effet ce qui me frappait alors. Je pensais que l’internat était plutôt synonyme de souffrance pour ces jeunes dont le seul handicap semblait, à première vue, résider dans leurs difficultés à communiquer dans une société majoritairement entendante et oralisante. Puis je me suis rendu compte que certains adolescents ou certaines familles préféraient l’internat à l’externat, sans avoir pourtant de problèmes de transports quotidiens. Par ailleurs, d’autres parents, au départ peu enjoués par la perspective de voir leur progéniture s’éloigner d’eux la semaine (ou une partie de la semaine), se disaient par la suite satisfaits de l’influence de l’internat sur leur enfant.

J’ai été également étonnée de remarquer que les rentrées scolaires étaient plus synonyme de retrouvailles que de chagrin. Après la rentrée de septembre où j’ai aperçu un enfant pleurer dans les bras de ses parents, je n’ai plus assisté à ce type de scènes lors des autres retours de vacances. Ces observations m’ont fait prendre conscience qu’il était nécessaire de réfléchir sur les tenants et les aboutissants de l’internat. Mon questionnement a donc évolué pour faire l’objet de la problématique de ce mémoire. Je me demande aujourd’hui si l’internat spécialisé est un facteur de développement positif pour les jeunes sourds. Pour répondre à cette question, il me semble tout d’abord indispensable de présenter la population concernée. C’est ce que je ferai dans une première partie où j’exposerai les aspects cliniques de la surdité, les différents modes de communication à la disposition des personnes sourdes et l’historique de leur prise en charge de l’Antiquité à nos jours.

Je tenterai aussi d’expliquer la notion de communauté sourde. Une seconde partie sera consacrée à la présentation de l’IJS de Bourg-en-Bresse : la population accueillie, ce que l’institution lui propose, le fonctionnement de l’IJS et les principales valeurs sur lesquelles elle s’appuie. Une telle description permettra tout d’abord de donner un exemple d’institut pour sourds, mais aussi de définir le cadre dans lequel je vais mener ma réflexion. La troisième partie de ce mémoire concernera les besoins spécifiques aux jeunes sourds : un parallèle entre la psychologie du développement de l’enfant et de l’adolescent (entendant), et les difficultés que le jeune (enfant et adolescent) sourd rencontre lors de son propre développement, me permettra de définir ses principaux besoins. Il me semble en effet essentiel de mener une analyse approfondie qui définisse ces besoins pour pouvoir déterminer si l’internat y répond. Au vu de tous ces éléments je formaliserai une hypothèse de compréhension précise par rapport à la problématique, et je tenterai, dans une quatrième et dernière partie, de valider cette hypothèse.

Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
Type de fichier: application/pdf
Historique du document:

0

Licence

Chacun des éléments constituant le site SocioDoc.fr sont protégés par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des éléments.

En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions générales d'utilisation de SocioDoc.fr.

Accepter le terme et la condition

Documents associés

Des mineurs pas comme les autres

Quel statut pour les mineurs étrangers « sans-papiers » ? Sens et finalités de l’action éducative auprès des demandeurs d’asile mineurs isolés Depuis plusieurs années, on constate, en Europe, en France (notamment dans les grandes villes), une arrivée massive, de plus en plus importante de mineurs étrangers, « sans famille », qui ont fui leur pays d’origine, fuite due la plupart du temps aux conflits, aux guerres, aux conditions sociales et économiques très précaires rencontrées chez eux. Si l’on considère qu’un enfant abandonne rarement son pays, ses racines, par plaisir, son exil vers une société industrialisée et développée, apparaît comme une demande de protection du pays d’accueil (reconnaissance des persécutions, des traumatismes vécus) et correspond à l’espoir d’une vie meilleure. Historiquement en France, les premiers mineurs bénéficiant d’une protection furent les enfants juifs persécutés pendant la seconde guerre mondiale, puis plus tard dans les années 70 les enfants cambodgiens fuyant le génocide orchestré par Pol Pot pour trouver asile sur le territoire français.

L’histoire mondiale contemporaine et les conflits en divers lieux de la planète conduiront des enfants à arriver seuls sur notre territoire, des survivants pour la plupart : survivants des persécutions ethniques, raciales ou religieuses, du parcours d’exil, rescapés de l’embrigadement dans des milices (enfant-soldat), dans des réseaux mafieux de drogue et de prostitution, échappés des camps de réfugiés, de prisons, isolés de leur famille (parents décédés, disparus…). S’il est habituel d’entendre parler d’eux, en terme de mineurs isolés demandeurs d’asile, peut-être serait-il souhaitable de les définir comme des demandeurs d’asile mineurs isolés pour affirmer une première spécificité de leur statut de demandeurs d’asile ( lié aux persécutions, aux traumatismes, à la fuite, à l’exil…) à laquelle s’ajoute l’état de mineurs isolés (abandon, solitude, parents décédés…). Le régime juridique de ces mineurs est très complexe : il peut être fait appel au droit international privé du fait de leur nationalité étrangère, au droit administratif, aux règles du droit de la nationalité, au droit civil et aux conventions internationales (Convention de Genève, des Droits de l’Homme, des Droits de l’Enfant). A partir de mes recherches (lectures, documentations, rencontres avec des intervenants d’autres départements…) et grâce à des observations faîtes au SAPA et sur mon lieu de stage, j’ai pu constater, que les mineurs étrangers ne disposent pas tous d’un traitement égal (arbitraire de fait) suivant leur destination d’arrivée en France : ainsi selon que le mineur arrive à Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse, il ne bénéficie pas du même traitement quant à la possibilité ou non de saisir un juge pour enfants, un juge des Tutelles.

Il verra ou non son dossier de demande de reconnaissance de la qualité de réfugié déposé à l’OFPRA (Office français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides). Le droit commun, qui attribue à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) la compétence en matière d’accueil et de protection des mineurs isolés en danger, est difficile à mettre en place dans la pratique. En effet, plusieurs départements, où se concentrent les arrivées, se doivent d’assumer la charge financière supplémentaire de ces accueils (que l’Etat pourrait assumer du fait des situations d’asile) et sont contraints de redéfinir les dispositifs et la compétence des travailleurs sociaux en charge de cette population spécifique. 

A la recherche d’un sens éducatif, l’accompagnement des jeunes entre « cent » et « sans » projet (s)

La situation de jeunes ne semblant pas être en demande et ne portant, a priori, pas de projets, m’a interrogée car elle vient bousculer le rôle de l’éducateur. Que faire avec ces jeunes qui ne semblent pas avoir besoin de nous ? Qu’est-ce qui vient faire sens dans la relation ? Comment comprendre cette situation ?
Doit-on pour autant « conduire » ces jeunes vers un projet ? Je me demande si ce n’est pas passer à côté de ce qu’ils signifient par ce comportement. D’autant plus que j’ai pu observer des jeunes qui avaient des projets qui changeaient très souvent. Dans ce sens, doit-on les encourager à explorer les possibles ou les cadrer sur une piste ?

J’ai réfléchi à ce qui fait projet pour un jeune, ce qui lui permet d’accrocher dans la relation et comprendre comment il peut s’en saisir. Cette réflexion m’a questionnée sur l’accompagnement à mener avec les jeunes. La question de la demande, qui est un préalable à la relation car elle permet de l’amorcer, me parait jouer un certain rôle dans le projet. Ce dernier va s’établir à partir de la demande et des besoins repérés de la personne. Du projet et de l’accompagnent mené autour de celui-ci vont émerger les places possibles pour l’éducateur et le jeune.

Avant de pouvoir aborder la problématique, j’ai ressenti le besoin d’introduire et de préciser le contexte à partir duquel j’ai réfléchi. En effet, à ses débuts la Prévention Spécialisée porte une nouvelle conception du travail éducatif. La modification des perceptions sur la Jeunesse et l’installation d’une crise de l’Etat Providence ont conduit à des changements sur le cadre législatif. Ces évolutions ont eu des impacts sur les associations et le travail au quotidien des éducateurs spécialisés.

De plus, les associations de prévention spécialisée adoptent diverses approches pour réaliser leurs missions de prévention. Il m’a semblé intéressant de présenter les spécificités de l’association qui m’emploie. Ainsi, ce contexte, associé à mes stages et aux connaissances transmises en formation, a fait naître des questionnements qui m’ont amenée à mobiliser la pratique et la théorie. Ils s’articulent autour de l’influence du projet dans la société et le travail social, la formation et l’institution, les pratiques professionnelles et le rapport au public jeune.

le contexte de l'emploi en france met une partie de la jeunesse en danger
J’ai mis à profit mes trois années de formation pour comprendre comment l’exclusion touche les individus, et cela dans une approche multidimensionnelle ; c'est-à-dire ne pas uniquement me focaliser sur les situations d’exclusion, mais sur les processus qui ont conduit les individus à ces situations. Pour cela les apports théoriques des différentes disciplines (économie, sociologie, droit, …) m’ont été nécessaires pour faire constamment un lien avec la pratique que j’ai pu exercer sur les terrains de stage, et ainsi mieux articuler le sens du travail éducatif dans une approche pluridisciplinaire. De ce fait, j’ai pu aborder ma première année de formation en effectuant mon stage de découverte au SAMU SOCIAL de Lille. Celui-ci s’inscrit dans un groupement d’association contre l’exclusion appelé CMAO (Coordination Mobile d’Accueil et d’Orientation) et intervient au titre de l’urgence sociale. Sa mission première est de résoudre la problématique de l’hébergement dans le cadre d’un accueil d’urgence.
Je joue, tu joues, il (l'enfant) joue

Pour débuter notre réflexion sur « fonction » du jeu chez l’enfant, ce au regard de la psychologie clinique, nous examinerons d’abord l’une des toute première observation relatée par écrit et issue de la clinique psychanalytique ; celle effectuée par S.Freud.

Synthèse et limite de notre propos Le temps de la synthèse est maintenant là. Que retenir de notre parcours dans le monde du jeu chez l’enfant ? Nul doute qu’au travers de notre réflexion, il est essentiel de retenir que si jouer (pour l’observateur profane) est une activité des plus banale, et même universelle, pour autant l’engagement psychique est profond. Comme nous avons pu le noter, le jeu de l’enfant s’inscrit avant tout dans la dynamique de son développement psychoaffectif, et ce en lien étroit avec la relation essentielle qu’il vit avec sa mère. Le jeu, dans cette dynamique, participe du dégagement de l’enfant à l’égard des toutes premières identifications. En cela il est une activité humanisante

Connexion

Educateur spécialisé

Abonnement

Recherche