LeSocial Emploi Prepa Doc Formateque

Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

La démocratisation culturelle : une utopie inachevée

La démocratisation culturelle : une utopie inachevée

Ce mémoire traite des problématiques relatives à la démocratisation culturelle dans notre pays. Initié de longue date sous l’Ancien Régime, le protectorat des arts et des artistes est une longue tradition qui va transcender l’épisode révolutionnaire. Néanmoins, l’aspiration démocratique, dont témoigne les élites socialistes et libérales, va trouver écho progressivement pour aboutir à un engagement de l’Etat dés l’après guerre de 1945, qui ne se démentira jamais. Des pionniers artistiques, Jean VILAR ou Charles DULLIN, aux pionniers de l’appareil public, André MALRAUX ou Jeanne LAURENT, tous partent dans une croisade pour la démocratisation de la culture avec, comme instrument privilégié, la décentralisation. Pilotée par l’Etat jusque dans les années quatre-vingt, cet élan est relayé par des dispositions significatives en direction des arts et des publics de la culture.

La grande décentralisation de l’Etat à partir de 1982, va permettre, sous l’impulsion du ministre de la Culture Jack LANG, une implication plus forte des collectivités territoriales dans l’action culturelle. Mais, sensée rapprocher les centres de décisions du citoyen, cette phase de décentralisation ne porte pas ses fruits comme on put l’espérer. La crise économique, l’avènement des nouvelles technologies d’accès au savoir et la radicalisation des politiques locales, n’influent pas en faveur de l’accès à la culture pour tous. L’accroissement des inégalités et le repli identitaire n’épargnent pas la culture, qui souffre de ne pas renouveler de nouveaux publics. Toutefois, un art comme le théâtre renoue avec sa tradition d’art citoyen entre tous, et parvient à réinventer de nouvelles formes d’interpellation artistique dont les Institutions doivent désormais comprendre l’enjeu.

INTRODUCTION

C’est dans les périodes de grand bouleversement ou de mutation, comme celui que nous vivons depuis la crise économique, que l’on s’aperçoit que la culture est un enjeu majeur. L’espace symbolique qu’elle constitue est un espace de régulations des tensions individuelles et collectives. Elle n’échappe donc pas aux fractures de la société et peut refléter, transcender et contester des réalités qui nous sont imposées et contre lesquelles un certain déterminisme ambiant prévaut. La France entretient ce type de rapports, tellement passionnés et présents dans l’inconscient collectif, qu’elle s’est dotée d’outils à son image. Lorsque l’on parle de culture Française à l’étranger, on parle « d’exception culturelle ». Vue bizarrement par nos voisins, la politique de l’Etat en direction de la culture trouve son origine dans l’histoire et la tradition politique de notre pays. De légitime, nous allons étudier la façon dont cette intervention se révèle déterminante au cours du temps. Il est vrai que cette situation est singulière. Mélangeant une aspiration de liberté et de volonté à être protégés, l’art puis la culture, dans le sens que nous définirons, vont peu à peu devenir des enjeux politiques d’envergure, au moins dans le discours.

Nous insisterons, dans la première partie, sur une étude historique des politiques publiques, afin de s’attacher au grand objectif qui la caractérisera à partir du XXème siècle : la démocratisation culturelle. Envisagée par d’illustres noms de la politique et de l’art (en particulier théâtral), nous nous attarderons à sa mise en place, à partir de la création d’un véritable ministère des Affaires Culturelles sous la responsabilité d’André MALRAUX. De 1959 au ministère de Jack LANG, la forte présence des pouvoirs publics dans le paysage culturel nous interrogera sur l’efficacité de ses politiques successives. Nous verrons comment la dimension plurielle de la culture peut s’émanciper au cours du temps, proche ou éloigné d’un possible conformisme. La culture n’échappe pas aux transformations de la société, et la décentralisation de l’Etat, durant les années quatre-vingt, modifie en profondeur le paysage de la collaboration entre les acteurs culturels, les institutions et les publics.

L’autonomie croissante des Régions, des Départements et surtout des Communes, verra l’avènement de nouvelles relations pilotées, dans un premier temps, par l’Etat. Ces transformations rapides, motivées au début par le souci de rapprocher le pouvoir des citoyens, portent-elles les fruits de la détermination initiale des pionniers de la démocratisation ? Les sociologues étudient et enquêtent sérieusement depuis 1973 et constatent des éléments invariables. Nous décrirons leurs méthodes d’analyse les plus récentes ainsi que leurs propres doutes sur leur place au sein de la démocratisation culturelle. Pour nourrir la réflexion sur le processus de démocratisation, ses réussites et ses échecs, nous nous appuierons sur l’exemple du théâtre depuis l’après-Guerre. Le théâtre, art citoyen par excellence, est un exemple sur lequel nous nous pencherons pour comprendre si les résultats de la démocratisation, soixante ans après ses pionniers, sont à la hauteur de leurs espoirs et des nôtres.

I LES POLITIQUES CULTURELLES FRANCAISES DE LA REVOLUTION A NOS JOURS

I 1 Les concepts de culture et de politiques culturelles Il est nécessaire, en guise de préliminaire de cette étude, de définir le cadre dans lequel nous allons évoluer. Parce que nous ferons, de façon permanente, des aller-retours en direction de sociologues ou praticiens de la culture, nous devons envisager une approche commune de ou des définitions du terme de culture , en défrichant le sens que chacun veut mettre derrière ce mot. Au sens propre, le terme de culture désigne le travail qui consiste à fertiliser la terre. Au sens figuré, il désigne l’effort consistant à fertiliser l’esprit. Au cours du XXème siècle, les scientifiques, romanciers, philosophes et artistes ont eu des approches complémentaires qui peuvent se résumer en trois catégories1 . Le premier sens est qualifiée d’humaniste. Le terme de culture définit alors le développement harmonieux de l’individu. Par extension au domaine collectif, il désigne l’ensemble des connaissances générales acquises par un pays, une nation, une communauté, ainsi que leurs propres créations. La seconde vision est d’ordre social. Selon les sociologues, elle qualifie la culture (ou civilisation) comme une expression et une représentation complète qu’une société se donne d’elle-même. Cette sorte de miroir, choisi par cette société, lui permet de modifier la condition de vie des hommes en agissant sur des opérateurs, artistes, pouvoirs publics etc.. La culture devient alors une forme de conscience collective, qualifiant le degré de citoyenneté. Le terme de socioculturel qualifie l’activité collective liée à la culture.

La troisième vision de la culture est idéologique. Elle est alors définie selon un schéma clair. Dans le cadre des idéologies, l’homme doit agir envers lui-même selon une objectivité à toute épreuve au moyen des sciences qui sont, selon lui, inéluctables. La culture devient donc un instrument de cette vision globale ou totalitaire, indispensable pour éveiller la conscience individuelle et collective. Dés lors que l’on envisage l’expression de politique culturelle, on peut présager des difficultés d’interprétation de l’objectif recherché. Puisque le concept de culture est rattaché à des visions évolutives, lui-même évolue. Par exemple, depuis la chute des idéologies durant les années quatre-vingt , la culture est devenue un sac immense où se rejoignent pêle-mêle une œuvre classique, une distraction du type «Disneyland », une émission télévisée … La culture devient alors un fruit à la merci de ceux qui, en infléchissant sur les domaines de la création ou de la diffusion, souhaitent avoir le reflet d’une société idéale et consensuelle. C’est le cas de l’Etat français, qui, nous allons le voir, se place depuis des années dans une perspective très particulière vis à vis de la culture par rapport aux autres sociétés occidentales. Dans la même logique, nous utiliserons fréquemment le terme de démocratisation culturelle. Il s’agit, pour nous, d’envisager l’action par laquelle des oeuvres culturelles sont diffusées vers le plus grand nombre de gens, sans distinction de classes sociales ou de niveau intellectuel. Nous verrons comment l’histoire des politiques culturelles du pays a pris en compte selon les époques et le figures emblématiques qui prétendaient y contribuer.

I 2 L’Etat et la culture : 1789 à 1959 I2.1 L’héritage de l’Ancien Régime Si nous faisons le choix de débuter l’historique des politiques culturelles à la Révolution française, c’est que celle-ci a structuré de manière indélébile les rapports de l’Etat avec la culture. La Révolution, cependant, ne se conçoit pas comme une rupture totale avec l’Ancien Régime. Son héritage est très puissant. Tout d’abord parce que l’Etat centralisateur va se comporter comme un mécène patrimonial, faisant référence au prince éclairé comme le fut Louis XIV2 . La seconde ligne de la politique de l’Etat est, elle, libérale, directement inspirée du Siècle des Lumières. Pour les philosophes, le créateur et son œuvre est l’objet central du développement de l’esprit humain. Bien que libérale dans son essence, la réglementation et l’appel aux pouvoirs publics seront encouragés. La dernière ligne, à laquelle se réfère la plupart des acteurs contemporains, est la ligne dite démocratique. Elle est inspirée par l’expérience révolutionnaire et centre son action vers la société et tout particulièrement les classes populaires. Bien que la dernière ligne soit la plus forte, au moins dans les discours, il ne faut pas négliger, nous l’observerons, les deux autres qui coexistent parfois au sein d’une même institution. Sous l’Ancien Régime, le principe de protectorat prévaut. Le Roi est protecteur des Arts, des Lettres et des Sciences. L’Eglise, elle, est tout particulièrement attentive à la musique et à sa possible subversion.

Ces pouvoirs sont répartis en deux types d’intervention : la censure et l’organisation de corporations régissant les activités artistiques. Après 1789, l’ensemble de ces prérogatives incombe à l’Etat et ne sera pas modifié en profondeur. En revanche le mécénat direct sera peu à peu transformé en mécénat indirect, au moyen d’un contrôle des académies naissantes, à qui reviendra ce rôle. Dans les faits, il faut attendre la IIIème République pour voir apparaître les premières lois sur la liberté de l’imprimerie et de la librairie (entre 1870 et 1881). En 1906, est promulguée la loi sur la liberté des théâtres, toutefois contrôlés par le Maire au nom de l’ordre public. La véritable Révolution culturelle va réellement s’opérer à partir du décret relatif à la liberté d’expression et d’entreprendre. La première phase de ce processus consiste à nationaliser les Archives et la Bibliothèque Royale. L’Etat confisque également les biens de l’Eglise et des nobles émigrés. Sous l’impulsion du peintre David, militant jacobin, le Louvre, ancien Palais Royal, ouvre ses portes au public. Il faut alors «montrer que la Nation française était porteuse de civilisation qui, tout en s’identifiant à la culture des élites européennes, est valable pour tous les hommes et pour tous les temps » . Le symbole du transfert des biens du roi et de l’Eglise vers l’Etat est l’un des actes fondateurs de la naissance des musées.

Tout au long du XIXème, ceux-ci vont se développer à P et en Province. La première législation en matière de biens culturels incombe à la France. En effet, quelques révolutionnaires élevèrent la voix pour que soient protégés les monuments appartenant au génie humain. Avec le retour des Bourbons en 1818, le Musée des Monuments Français sera fermé. Il faut attendre Victor Hugo s’écrier «guerre aux démolisseurs ! », pour que l’Etat réponde à cette aspiration romantique. Lors de la Révolution libérale de 1830, le nouveau ministre de l’Intérieur, GUIZOT, nomme un inspecteur des monuments historiques : Prosper MERIMEE. Le principe est donc posé : P décide de ce qui sera valoriser ou non. Il existe donc une politique patrimoniale qui servira, par la suite, de modèle à l’étranger. Mais cette politique a ses limites puisque aucune institution n’existe pour recenser les richesses artistiques et historiques.

Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
Type de fichier: application/pdf
Historique du document:

0

Licence

Chacun des éléments constituant le site SocioDoc.fr sont protégés par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des éléments.

En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions générales d'utilisation de SocioDoc.fr.

Accepter le terme et la condition

Documents associés

Les phénomènes identitaires des adolescents tsiganes

Mon parcours personnel m’a amenée à m’intéresser à la question passionnante de la rencontre interculturelle, des barrières à dépasser pour éviter de porter des jugements de valeur ou de réduire ma perception d’autrui à sa différence par rapport à moi. J’ai souhaité prolonger cette réflexion personnelle dans un cadre professionnel. Les deux axes principaux de ce questionnement sont liés : il s’agit de la connaissance de « l’intégration à la française » et du positionnement professionnel de l’éducateur spécialisé face à des groupes ou des personnes de cultures très différentes de la sienne.

Le jeu de société comme support de médiation
Ce mémoire est une réflexion à propos des apports du jeu, et plus particulièrement du jeu de société. Le but étant de montrer comment l’éducateur spécialisé peut s’approprier un objet de la vie quotidienne pour en faire un outil éducatif, dans le but de favoriser les échanges et les relations entre les différents membres d’un groupe d’enfants. Ainsi pour développer cette idée je m’appuierai sur des ouvrages d’auteurs ainsi que sur mes différentes expériences professionnelles. Avant d’amener la problématique auquel le projet tend à répondre, je vais détailler le cadre général dans lequel s’est inscrite mon intervention. Puis Après avoir exposé plusieurs situations, je développerai une problématique à partir d’une analyse s’appuyant sur des concepts théoriques.
Les compétences à mobiliser en tant qu'éducatrice spécialisée pour opérer un travail avec les familles des personnes accueillies
Mon mémoire a pour objet de témoigner de cette évolution professionnelle vers l'acquisition des compétences à mobiliser en tant qu'éducatrice spécialisée pour opérer un travail avec les familles des personnes accueillies. Dans un premier temps, je vais m'appuyer sur une situation concrète à laquelle j'ai été confronté sur mon lieu de stage. A partir de mes interrogations, de mes connaissances théoriques et pratiques et de mon analyse, je dresserai un diagnostic socio-éducatif de cette situation duquel découlera une problématique et des hypothèses d'actions. Dans un deuxième temps, je développerai le projet éducatif mis en place auprès de la personne accueillie. J'exposerai les objectifs fixés ainsi que les actions mises en œuvre pour les atteindre. Et enfin, j'effectuerai le bilan des actions menées. Cette dernière partie fera également l'objet de l'analyse de ma posture professionnelle au regard des compétences, des savoir-être et savoir-agir que la réalisation de ce projet m'aura permis d'acquérir.
Comment l’éducateur spécialisé peut concilier distance et engagement dans la relation éducative

Afin d’illustrer mes propos et ma réflexion je vais notamment m’appuyer sur mon expérience au sein du Centre d’Activité de Jour, et plus particulièrement de situations que j’ai vécu avec les usagers. Je définirai ensuite ce qu’est la relation éducative, en introduisant notamment les notions de transfert et de distance, puis je parlerai des soutiens à la relation éducative, à savoir l’équipe et l’institution. L’éducateur n’est pas uniquement un professionnel, il a lui aussi une histoire personnelle, je finirai donc en me questionnant sur la limite entre la vie professionnelle et la vie privée de l’éducateur spécialisé et en quoi cela sert la relation éducative.

Connexion

Educateur spécialisé

Abonnement

Recherche