Afin de mettre en relief cette politique médiatico-urbaine, je privilégierai l’angle
suivant, celui de l’intégration des quartiers de grands ensembles au coeur des projets
municipaux locaux. En d’autres termes, celui de l’intégration de ces morceaux de cité qui
incarnent la ville « mal-aimée » 3 au sein de stratégies d’images qui ont pour but de présenter
aux regards une urbanité qui corresponde aux canons actuels (maisons individuelles – petits
ensembles, valorisation des espaces publics, multiplication des équipements, mixité
sociale…). La question centrale sera donc de savoir ce que deviennent ces fragments de ville
mal-aimée dans cette quête de cité « bien-aimée » ou du moins considérée comme telle
actuellement d’un point de vue architectural, urbanistique et social.
Le parti que
j’ai pris d’étudier la place des grands ensembles – en tant que symbole actuel de la cité « malaimée
» - au sein du discours médiatico-urbain tissé par les équipes municipales successives –
construction discursive de la ville rêvée – a permis de mettre en lumière le phénomène
d’échelle dans la mise en image. J’ai pu identifier au moins quatre types d’acteurs participant
tous à un niveau différent à la mise en scène du quartier d’une part et à l’action publique
d’autre part. Les habitants tout d’abord interviennent individuellement par leurs pratiques
locales, régulières, répétées d’une part tout en jouant leur rôle dans la construction et
l’évolution des représentations sociales. Les associations ensuite, élaborent et diffusent une
certaine conception de leur quartier, acquérant ainsi une légitimité, prise en compte sous
différentes formes (opposition, régulation sur des scènes interindividuelles, collectives…).