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Educateur spécialisé

L'éducateur spécialisé est un travailleur social qui participe à l'éducation d'enfants et d'adolescents dits inadaptés. Il soutient aussi des adultes présentant des déficiences physiques et/ou psychiques pour les aider à retrouver de l'autonomie.

L’accompagnement de l’adulte souffrant de troubles mentaux en CHRS

L’accompagnement de l’adulte souffrant de troubles mentaux en CHRS Monsieur Eric déambulait dans le couloir du Centre. Je ne le connaissais pas. Sa démarche était rapide, son regard absent, un lent monologue l’animait. Je m’approchais de lui et le saluais. Il ne me répondit pas, ne marqua pas de pose et se dirigea vers sa chambre. Je rencontrais l’étrangeté d’un individu qui me semblait être hors de la réalité immédiate, me retrouvais seul avec mon bonjour, comme si cette recherche de lien ne prenait pas sens pour l’usager. Au-delà de cette absence de communication, d’échange, c’est la présence, la visibilité du corps dans ce qu’il donnait à voir qui retint mon attention – « le corps (…) est la trace la plus tangible du sujet, dès lors que se distendent la trame symbolique et les liens qui le rattachait aux membres de sa communauté » - et me questionnait : n’avais-je pas été présent physiquement à ses yeux pour que la parole ne puisse émerger entre lui et moi ? Fallait-il peut-être ne pas chercher de suite à établir un contact mais laisser l’autre appréhender ma personne, le nouvel éducateur de l’équipe ? Comment faire en sorte que le résidant retrouve une adhésion à son environnement immédiat, à l’environnement social ? Depuis maintenant plus de trois ans, ces questions, parmi d’autres, alimentent ma pratique socio-éducative auprès d’adultes ayant des troubles mentaux stabilisés, hébergés en Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (C.H.R.S.) . Ainsi, le C.H.R.S., au regard de ce public spécifique, est un lieu d’hébergement transitoire, une passerelle qui fait lien entre un avant – une hospitalisation en psychiatrie – et un après, un devenir et la place qu’occupera l’individu au sein du corps social.

L’accompagnement et la relation éducative auprès d’adultes ayant des troubles mentaux revêtent sans doute un caractère particulier dans son approche et sa dynamique. Comme je l’ai fait partager tout au long de ce mémoire, la prise en compte de l’individu, dans son entité, non pas limitée à un corps porteur d’une pathologie mentale, mais avant tout sujet à part entière, m’a permis de dégager des réflexions en regard de ma pratique, de développer et revenir avec des apports théoriques, notamment par le biais de la sociologie, sur l’axe central contenu dans la question posée en introduction : comment accompagner l’individu malade mental dans une démarche de réinsertion et de quelle façon ce corps malade, en souffrance, peut-il s’articuler au corps social ? Dans le cheminement de l’usager, dans l’acceptation de sa maladie puis dans une réappropriation d’un mode à exister au monde, en tant que citoyen, le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale offre une enveloppe contenante dans le sens où il pourrait s’apparenter à un « décompresseur de temps », à la fois espace de transition et étape intermédiaire entre l’hôpital et l’environnement social.
Catégorie: Mémoire Educateur spécialisé
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Une tentative de changement (Expérience d’Assistance Éducative en Milieu Ouvert)

Wilfrid et son Biberon En réalité, Wilfrid a neuf ans. Mais si l’on se fie à sa seule corpulence, il paraît avoir trois ans de plus. Cependant, il boit toujours un biberon de lait-fraise avant de se coucher. Il vit avec sa mère et sa petite sœur dans un village aux alentours de la grande ville. Son père vient seulement de les reconnaître civilement, lui et sa sœur, et ne vit pas au domicile familial en permanence, il possède un autre logement dans un autre village. Les parents disent préférer ne pas habiter ensemble pour éviter de se disputer. Au démarrage de la mesure d’Aémo, le père de Wilfrid ne s'implique donc pas autant que la mère dans son éducation et celle de sa petite sœur. Ce matin-là, c'est le premier jour des vacances de février, et j'ai rendez-vous avec Wilfrid pour l'accompagner à un stage de foot qui débute à 10 heures. Wilfrid a tenu a participer à ce stage pour faire une activité extra-scolaire pendant ses vacances, mais également parce qu'il s'est fait renvoyé dernièrement du club de foot dont il faisait partie depuis deux ans. Le motif du renvoi d'après le président du club et l'entraîneur est que Wilfrid est ingérable sur un terrain de foot, il grogne trop, agresse l'arbitre, insulte et provoque son entraîneur par des gestes vulgaires et pique de violentes colères sur ses co-équipiers, il se sauve aussi parfois du terrain avec la balle en main pour aller courir dans les vignes… Les parents de Wilfrid reconnaissent que leur fils peut être un garçon difficile, qui taquine sans arrêt l'autorité et dépasse souvent les limites qu'ils tentent de lui imposer. Néanmoins, ils ont très mal vécu ce renvoi, ils ont essayé auprès du président du club de faire valoir les capacités de leur fils à changer d'attitude après une punition moins lourde qu'un tel renvoi. Mais l'entraîneur et le président leur ont dit que les autres parents ne voulaient plus que Wilfrid fasse partie de l'équipe, et qu'ils ne pouvaient pour l'instant pas faire autrement que de l'exclure, question de satisfaire les autres parents et de lui donner « une leçon de conduite ». Sachant qu'un stage de 5 jours était organisé par la mairie hors du cadre du club de foot pendant les vacances, j'ai proposé à Wilfrid de s’y inscrire. Ce serait pour lui l’occasion de retaper dans le ballon et de prendre du bon temps pendant les vacances. Nous avons eu au préalable, avec ses parents et lui-même, de nombreuses discussions sur le comportement de Wilfrid, et nous n'avons pas remis en cause les motifs de son renvoi. Un tel comportement engendre forcément de l'exclusion, et le respect des autres et des règles est nécessaire dans une équipe de foot. Je me souviens qu’au cours d’une sortie équitation, j’avais déjà discuté avec Wilfrid sur la question de l’autorité, je lui avais conseillé de faire des efforts. J’avais également évoqué avec lui la question du biberon du soir, je lui avais fait des remarques en lui disant qu'il n'était plus un bébé maintenant, en lui signifiant un peu le côté ridicule de son caprice du soir. Á ce sujet, ses parents pensaient le problème comme insoluble mais s’étaient montrés d'accord pour ne plus céder à son caprice : « c'est vrai, monsieur, vous avez raison après tout, s'il veut un biberon, il n'a qu'à se le faire lui même, on ne cautionnera plus. Mais bon, ça ne marchera pas quand même… » Au sujet du renvoi du club, Wilfrid nous avait dit avoir compris sa faute, et ne plus vouloir reproduire ce genre de dérives, mais une rancœur semblait lui rester au fond de la gorge vis à vis de l'entraîneur en question... De toute façon, à la mairie, on m'avait dit que ce stage ne serait pas conduit par le même entraîneur, mais par des éducateurs sportifs différents que ceux du club. C'était alors l'occasion pour Wilfrid de se prouver, ainsi que de prouver à ses parents et aux autres enfants et parents du village, qu'il est tout à fait capable de bien se tenir sur un terrain. Après, on pourrait envisager de discuter avec son entraîneur pour que Wilfrid réintègre son club, afin que le renvoi ne soit pas définitif. Le matin du démarrage du stage, j’arrive un peu en avance au domicile, et Wilfrid n'est pas à la maison, il est déjà parti sur le terrain. Son père et sa mère m'accueillent, et me voyant un peu surpris de voir que Wilfrid ne m'avait pas attendu, Monsieur M, le papa de Wilfrid, part le chercher pour qu'on puisse discuter tous ensemble. Le stage ne débute que dans une demi-heure. Wilfrid revient avec son père, il nous explique qu’il avait peur que je ne vienne pas au rendez-vous, c’est pourquoi, selon lui, il nous avait devancé. Nous discutons un peu, puis nous repartons en voiture, son père vient avec nous. Nous faisons l'inscription dans un bureau municipal situé à côté du terrain, et nous apprenons là que c'est l'entraîneur habituel du club, finalement, qui va conduire le stage 3 jours sur 5. Wilfrid râle un peu, son père craint le pire, je dédramatise… L'inscription est faîte et il n'y a pas de raison que Wilfrid ne participe pas à ce stage. Quand nous arrivons près des vestiaires, l'entraîneur n'est pas encore là, il n'y a que des jeunes éducateurs sportifs qui gonflent les ballons. Peu d'enfants sont encore arrivés, nous sommes en avance. Wilfrid s'est arrêté au coin d'un bosquet sur un trottoir, accroupi, la tête baissée, il nous cache son regard et refuse de venir avec nous dans les vestiaires. Je lui dis de venir, son père aussi, mais Wilfrid boude et semble figé dans sa position de retrait. Son père commence à dire que ce n'est pas la peine, « quand il est comme ça, y'a rien à en tirer ». Je le sens prêt à se mettre en colère contre Wilfrid, mais je le devance, je rejoins Wilfrid, m'accroupis près de lui et lui murmure des mots rassurants en lui demandant de faire un effort, de ne pas faire le bébé… Il refuse de nous suivre, je n'insiste pas, me lève, rejoint le père dans les vestiaires, mais en passant la porte, je me retourne, je sens une présence, et en effet, Wilfrid me colle aux basques, avec un grand sourire… Son père est étonné, il me regarde et je vois dans ses prunelles comme un bravo qui s'affiche. Nous discutons un peu avec les éducateurs sportifs, ils sont plutôt contents que Wilfrid vienne participer à ce stage, du moins, ils n'y voient pas d'inconvénient, ce n'est pas le Club et Wilfrid a bien le droit d'être là au même titre que les autres enfants. Nous sommes maintenant sur le parking, Wilfrid a retrouvé des camarades, et je reste avec le père car nous tenons tous les deux à voir l'entraîneur avant que ne débute le stage, histoire de le rencontrer et surtout d'indiquer à ce monsieur que Wilfrid bénéficie d'un suivi éducatif et que nous pensons que sa participation à ce stage est nécessaire à son bien-être (physique et moral…). Une grosse voiture noire, genre Mercedes, débouche sur le parking et manque d'écraser des gosses sur son passage. Coups de freins violents… Monsieur M m'annonce qu'il s'agit de l'entraîneur alors que je viens devant lui de lâcher une remarque du genre : - « Il ne manque pas de culot celui-là ! Quel chauffard ! » Monsieur M. semble bienheureux de mon jugement car il m'avoue ne pas porter ce personnage dans son cœur. Je respire deux trois fois pour ravaler ma colère, et ce monsieur sort de sa voiture et se dirige vers nous. J'aurais avec lui une discussion calme et posée ne laissant pas paraître ma colère. Monsieur M. préfère se taire, je crois qu'il se mord les lèvres... L'entraîneur nous dit qu’il ne voit pas d'inconvénient à la participation de Wilfrid à ce stage. Nous saluons Wilfrid et nous nous retrouvons dans la voiture, son père et moi. Celui-ci s'exclame alors en m'avouant que lui n'arrivait pas à contrôler ses nerfs comme il m'avait vu faire. Et qu'il n'arrivait pas non plus à se faire entendre de Wilfrid sans lui mettre une claque ou un coup de pied aux fesses. C'est une des premières discussions que nous aurons autour de l'autorité du père, et de la nécessité de ne pas s'emporter au quart de tour. Ce ne sera pas la seule. Le fait que ce père m'ait vu en situation à l'extérieur du domicile agir avec son fils et des intervenants externes a pu lui donner des pistes pour faire évoluer son comportement de père. Ce père m’a ensuite réservé un accueil toujours très chaleureux et m’a semblé à l’écoute des conseils que j’ai tenté de lui apporter. Par la suite, après trois mois d'exclusion, Wilfrid a réintégré le club de foot. Et puisque ses parents ont refusé de lui préparer son biberon du soir en lui renvoyant qu’il n’avait qu’à se le préparer lui-même, Wilfrid a laissé tomber son caprice. Il ne réclame plus son biberon.

L'autonomie en SESSAD

Il m’a semblé que pour favoriser la socialisation et l’autonomie dans les gestes de la vie quotidienne, l’éducateur spécialisé peut travailler à faire tiers entre l’enfant et le milieu familial, et mettre en place un travail autour de la séparation ponctuelle du milieu familial, afin de d’offrir à l’enfant une opportunité de plus dans son processus de maturation. Cette analyse m’a permis, d’élaborer un projet d’action éducative en lien avec le projet de service et avec l’ensemble de mes constats et analyses. L’action étant la mise en œuvre d’un mini séjour, qui pourrait me permettre de travailler sur l’ensemble des faits et analyses traités.

Atelier théâtre en IME

Cette même année, l’institution m’a demandé de mettre à profit une compétence qui m’est propre et donc de m’investir davantage dans le fonctionnement et la prise en charge des enfants de l’IME. Le sujet de mon mémoire et ce qui l’alimente reposent sur cette compétence : j’ai proposé de mettre en place un atelier théâtre et, ayant une petite expérience dans le domaine, d’en être l’animateur. Par la suite, je décrirai comment j’ai pensé ce projet, l’ai élaboré et mis en place. Afin de présenter cette situation, j’ai choisi de construire mon écrit sur trois parties : Dans une première partie je présenterai l’institution et l’association pour lesquelles je travaille. Je parlerai de l’IME dans son fonctionnement avec ses buts, ses missions et les enfants qui y sont accueillis. Lors de ce temps, j’aborderai la notion de « groupe » qui régit de façon importante le fonctionnement institutionnel.

L'individu, du corps malade au corps social

Monsieur Eric déambulait dans le couloir du Centre. Je ne le connaissais pas. Sa démarche était rapide, son regard absent, un lent monologue l’animait. Je m’approchais de lui et le saluais. Il ne me répondit pas, ne marqua pas de pose et se dirigea vers sa chambre. Je rencontrais l’étrangeté d’un individu qui me semblait être hors de la réalité immédiate, me retrouvais seul avec mon bonjour, comme si cette recherche de lien ne prenait pas sens pour l’usager. Au-delà de cette absence de communication, d’échange, c’est la présence, la visibilité du corps dans ce qu’il donnait à voir qui retint mon attention – « le corps (…) est la trace la plus tangible du sujet, dès lors que se distendent la trame symbolique et les liens qui le rattachait aux membres de sa communauté » - et me questionnait : n’avais-je pas été présent physiquement à ses yeux pour que la parole ne puisse émerger entre lui et moi ?

Fallait-il peut-être ne pas chercher de suite à établir un contact mais laisser l’autre appréhender ma personne, le nouvel éducateur de l’équipe ? Comment faire en sorte que le résidant retrouve une adhésion à son environnement immédiat, à l’environnement social ?

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