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Educateur de jeunes enfants

L’éducateur de jeunes enfants favorise le développement et l’épanouissement des enfants de moins de 7 ans. Il intervient principalement dans les lieux de garde collectifs et toutes les structures d’accueil de la petite enfance.

il était une fois... un voyage culturel à travers l'album pour enfants

il était une fois... un voyage culturel à travers l'album pour enfants

L’école maternelle est l’endroit où l’enfant bâtit ses apprentissages premiers. Par conséquent, le personnel éducatif veille à lui proposer des activités structurantes où il peut développer sa personnalité, son autonomie et se socialiser. Pour que ce jeune élève se sente reconnu dans la communauté scolaire, individu unique avec une identité propre, il est essentiel de valoriser ses acquis, respecter son rythme. A savoir que les apprentissages et acquisitions ne se font pas tous au même moment pour tous les enfants, qui ont chacun un parcours, un vécu différent, une histoire familiale propre. Pour favoriser cette découverte des apprentissages premiers, l’école se doit de permettre aux parents – premiers éducateurs de leurs enfants- de guider la scolarité de leurs enfants. Ainsi, pouvoir pénétrer dans l’école pour accompagner et stimuler les premiers acquis des enfants revêt une grande importance pour les parents qui se sentent ainsi pris en compte et partenaires à part entière dans l’éducation de leur enfant.

Toutefois, cette ouverture de l’école n’est pas toujours évidente ni facile. L’école a également un rôle d’éveil et d’ouverture à la culture. Cela peut être proposé par différents moyens et entre autres, les albums pour enfants qui sont des outils privilégiés d’accès à la culture de par la relation d’échange qui se crée avec autrui, le plaisir partagé d’une histoire, car comme l’écrit René Diatkine : « « Le livre est la voie la plus sûre pour qu’un jour ils comprennent le monde et qu’ils aient le désir de le transformer ». Il est également important de tenir compte des besoins des enfants à cet âge, besoin de bouger, d’expérimenter, de s’évader dans un « ailleurs ». Cette évasion est possible notamment par des jeux ludiques à partir des albums pour enfants. Ces jeux permettent une rencontre avec le langage du récit mais aussi de communiquer. Communiquer dans un environnement propice au rêve et à la découverte, au partage et à l’imaginaire. C’est ainsi que ma pratique éducative s’est fondée sur un projet visant à favoriser la culture du jeune élève à l’école maternelle.

Ce projet m’a inscrite dans le rôle d’une future professionnelle EJE et m’a permis de me construire une identité professionnelle propre, identité acquise tout au long de la formation et des stages, mais aussi grâce à l’accompagnement et le suivi régulier de l’EJE de la FNEJE de Mulhouse, qui m’a aidé à orienter ma réflexion et mes prises en charges autour des valeurs, des objectifs et des actions qui fédèrent cette profession. Le projet s’est appuyé sur deux hypothèses que je souhaite rappeler brièvement : Les préapprentissages de lecture et d’écriture prennent sens dans la lecture à voix haute à condition qu’une relation affective et de confiance soit établie entre l’adulte et le jeune élève. Une approche ludique des albums pour enfants permet l’accès à la culture. L’analyse de ma pratique avec les enfants rencontrés dans ce contexte particulier d’apprentissage me permet de confirmer ces hypothèses. Je souhaite néanmoins les teinter de nuances. En effet, c’est à travers l’oral, le langage, que l’écrit est abordé à l’école maternelle, comme le souligne entre autres Emilia Ferreiro dans ses différents travaux, mais aussi les programmes définis par le Ministère de l’Education Nationale. L’approche du langage par les enseignants est cependant une approche didactique et pédagogique, avec de multiples évaluations et questionnements aux enfants.

Ainsi, à l’école maternelle, la lecture à voix haute peut favoriser cet accès à l’écrit et à la lecture, à condition d’abord que l’adulte qui la promeut soit engagé pleinement dans cette lecture et qu’il apprécie d’être « passeur d’histoires ». Cette lecture doit être faite avec pour unique but le plaisir des enfants, la rencontre avec un monde imaginaire, de fiction, ceci, sans évaluations et surtout du propre plaisir de l’adulte. Mais elle est également possible à condition qu’une relation de confiance soit instaurée entre l’adulte et l’enfant, pour que l’enfant puisse se laisser aller à découvrir, à créer. Les jeux à partir des albums tels que je les ai évoqués peuvent permettre un accès à la culture, de par l’échange qu’ils suscitent et de par la richesse des albums proposés. Cependant, là aussi, ces jeux doivent être proposés par des adultes motivés, qui apprécient ces animations. Il est important que ces jeux comme Huinziga les définit, soient uniquement des actions libres, dénuées de toute utilité et de tout but d’apprentissage et d’évaluation, jeux qui fondent les spécificités EJE, c’est à dire des actes gratuits, pour le simple plaisir de jouer et d’être ensemble, comme le souligne Marc Caillard dans un texte sur l’éveil culturel ou il explique que jouer, c’est « faire présent d’humanité ». Il me semble essentiel de souligner l’importance de mon engagement dans ce projet et de dire que j’ai beaucoup aimé partager les lectures, les jeux, les activités avec les enfants.

Le regard de la directrice de l’école maternelle Haut-Poirier sur mes actions au sein de la BCD aura été porteur dans la compréhension qu’elle m’a apportée sur la complémentarité des deux professions - enseignante et éducatrice de jeunes enfants - dont le but est de favoriser le bien-être de l’enfant et de favoriser son épanouissement. Cette phrase de sa part montre sa compréhension de la complémentarité possible entre deux professions différentes mais qui ont un même but. : « on fait la même chose mais on n’a pas les mêmes lunettes ». A cela s’ajoute le fait qu’aucun projet ne peut réellement aboutir s’il ne trouve pas l’engagement et l’adhésion de tous les partenaires, quels qu’ils soient, comme ce fut le cas avec l’équipe éducative de l’école maternelle Haut-poirier. En effet, pour aller dans le sens de cette adhésion, chaque personne, autour de l’enfant a trouvé un intérêt au projet, afin de réaliser l’objectif commun qui est de permettre à l’enfant de se sentir accueilli dans la communauté humaine. Il est alors nécessaire de partir des observations concernant l’enfant mais également sa famille, son entourage pour s’adapter au plus près de l’enfant. C’est là l’art d’être créatif au quotidien et de laisser la place à la spontanéité.

Avant d’être en formation d’Educateurs de Jeunes Enfants, j’exerçais la fonction d’aide-éducatrice en qualité « d’emploi-jeune » au sein du Centre de documentation et d’information d’un collège. Mon rôle était la gestion du fond documentaire et des livres (romans, BD…), ainsi que ponctuellement, l’animation du CDI, mais également l’aide aux devoirs. A cette occasion, je me suis aperçue de la diversité des comportements des élèves de collège, face à « l’objet-livre » et à la fréquentation de ce lieu d’information et de documentation. Certains élèves n’empruntaient jamais de livres et ne venaient que très rarement consulter les ouvrages du CDI. De plus, je me suis rendue compte que quelques uns de ces élèves, à qui j’apportais mon aide lors de devoirs, rencontraient quelques difficultés avec l’écrit et avec la lecture. Beaucoup d’entre eux « n’aimaient pas lire » et le Français était une des matières qu’ils appréciaient souvent le moins et dans laquelle ils avaient des lacunes, parfois importantes. Cependant, à cette période-là, je ne me posais que peu de questions sur l’apprentissage de l’écrit et de la lecture, et sur l’envie de lire.

Lorsque j’ai intégré le Centre de Formation d’Educateurs de Jeunes Enfants, dans le cadre de la formation en situation d’emploi, j’ai eu l’opportunité de travailler dans deux écoles maternelles, à la Bibliothèque centre de documentation , en tant qu’aide-éducatrice, toujours en qualité « d’emploi-jeune » et mon action autour du livre s’est poursuivie. Mon rôle est de gérer la BCD des deux écoles et de mettre en place des animations autour des albums, pour les enfants de 3 à 6 ans. C’est ainsi que j’ai pu constater que l’école maternelle est un des premiers piliers pour favoriser l’accès à l’écrit et à la lecture. Elle est un atout important pour donner envie aux enfants de découvrir le plaisir de la langue, de l’écrit et de la lecture, mais aussi pour que le passage à l’école primaire, élémentaire puis au collège se fasse sans rupture scolaire et permette de donner toutes les chances de réussite. Au fur et à mesure de mon cheminement dans la formation d’Educateurs de Jeunes Enfants, mais également au sein de mes lieux d’exercice, je me suis d’avantage intéressée à la question des préapprentissages, mais aussi de la transmission culturelle au sein de l’école, quelle que soit l’origine familiale et socio-culturelle de chacun des enfants. Je me suis particulièrement penchée sur le support de la littérature enfantine, qui est un outil culturel extraordinaire d’ouverture au monde et qui, à l’école maternelle est un des outils qui fonde son identité. En effet, l’école maternelle est le lieu privilégié où l’enfant « bâtit les fondements de ses futurs apprentissages » qui permettent « d’éprouver des émotions, de créer et de faire évoluer des relations avec ses camarades ou avec les adultes […] et où l’aménagement garantit à chaque enfant de grandir dans un univers culturel qui aiguise sa curiosité et le conduit à des connaissances sans cesse renouvelées en totale sécurité ».

A l’école maternelle Haut-Poirier de Mulhouse où je travaille et où j’ai également effectué mon stage à responsabilité éducative, l’aspect culturel tient une grande place au sein de l’école et le projet d’école s’oriente autour de cet axe. En effet, l’objectif est « de favoriser l’accès à la culture pour tous ainsi que la maîtrise de la langue » . Ceci, par les actions autour de la littérature enfantine, comme le prêt de livres pour la maison, les animations autour des albums pour enfants à la BCD et les sorties à la bibliothèque des Coteaux. A cela s’ajoute la création d’une composition plastique pour décorer l’entrée de la salle d’eau où les enfants sont accueillis, pour donner du sens à la connaissance qu’ont les enfants des animaux et pour enrichir leurs expériences sensibles et créatrices. Ainsi, j’ai été sensibilisée à l’importance donnée à la culture tout au long de ce stage, principalement au travers la littérature enfantine. Avant de mettre en place un projet éducatif au sein de l’école maternelle Haut-Poirier, j’ai d’abord tenté d’identifier quelques éléments du contexte basé sur l’observation et le questionnement à l’équipe éducative. Puis je me suis penchée sur le comportement des enfants mais également celui de l’équipe éducative face aux albums pour enfants présents dans les classes et à la BCD. J’ai constaté que les enfants ont un attrait pour les albums et apprécient de venir à la BCD pour les regarder, écouter des récits, faire des activités autour des albums. J’ai pu observer qu’en classe, les albums sont nombreux mais souvent utilisés par les enseignantes avec des buts pédagogiques de familiarisation aux différentes fonctions de l’écrit, ce qui laisse peu de place au plaisir du livre gratuit, sans visée d’apprentissage scolaire.

Je me suis alors posée la question suivante : « Comment favoriser la culture du jeune élève dans la mesure où la mission de l’école maternelle est référée aux apprentissages ? » Pour tenter d’y répondre, j’ai émis deux hypothèses: Les préapprentissages de lecture et d’écriture prennent sens dans la lecture à voix haute à condition qu’une relation affective et de confiance soit établie entre l’adulte et le jeune élève. Une approche ludique des albums pour enfants permet l’accès à la culture. Le terme de « jeune élève » procède d’un choix. En effet, en parlant de jeune élève, j’introduis l’idée qu’à l’école maternelle, l’enfant est « enfant » mais aussi « élève ». Elève qui construit ses acquisitions fondamentales et son savoir à travers une variété et une richesse d’expériences. Mais pour être élève, il faut auparavant que l’enfant ait été considéré en tant que « sujet », personne avec une identité propre. J’ai fait le choix de limiter le sujet à la littérature enfantine, à savoir, « les albums pour enfants », support qui m’a particulièrement semblé intéressant pour permettre aux enfants d’évoluer dans un milieu culturel riche, riche de par la volonté de l’équipe éducative de promouvoir la BCD au sein du projet d’école et de permettre une culture littéraire à tous les enfants. Cependant, je suis bien consciente que la culture à l’école se trouve dans bons nombres d’autres supports tels que la peinture, les comptines, les jeux… Aussi, dans la première partie, je tenterai de définir les missions de l’école maternelle, quant à l’écrit et à la lecture. J’expliquerai également quelle est la place donnée à l’album pour enfant, et celle donnée aux parents en maternelle ainsi que l’attention portée aux enfants par le personnel éducatif Puis une seconde partie me permettra de préciser la notion de culture, ici référée à la littérature enfantine et au moyen d’y accéder.

Enfin, une troisième partie traitera de l’enfant et de sa rencontre avec les albums en maternelle. Pour construire mon propos, un étayage théorique référé à la psychologie, la pédagogie et le droit a été élaboré. L’ordre de ces trois parties s’est peu à peu imposé au fil de mes recherches. En effet, je souhaitais en premier lieu souligner l’importance du contexte et son rôle particulier, pour arriver peu à peu aux idées qui me portent, fondées sur ma formation d’Educateurs de Jeunes Enfants , puis à ma manière d’essayer de mettre ces idées en pratique. Bien qu’aucunes EJE ne soient présentes à l’Education Nationale dans les écoles maternelles, j’ai tenté de développer des actions et d’avoir une attitude référée à une EJE. cela, par un suivi fréquent et régulier de la Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants de Mulhouse. Ce contact avec une professionnelle EJE m’a permis de me construire une identité EJE et d’être soutenue et accompagnée dans des actions qui fondent la pratique éducative de cette profession. Ma réflexion sera donc celle d’une stagiaire EJE. Ce mémoire témoigne de mon expérience de stage, cependant, mon propos n’établit pas de généralité. Il me reste à préciser que les prénoms des enfants cités sont leurs prénoms, ceci, dans mon souci de les considérer en tant que sujets, comme le souligne Françoise Dolto : « (..) changer leur identité, ce serait, un peu, leur voler quelque chose de leur histoire. (…) Ce qui est raconté est une histoire sociale à laquelle l’enfant lui-même a pris part, pas un cas clinique… »

Catégorie: Mémoire Educateur de jeunes enfants
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Quelque peu interpellée, elle arrive à nous avec ses inquiétudes et nous confie qu’elle n’a pas encore pensé quel mode d’accueil elle souhaitait pour son enfant, et que tout cela lui semblait si lointain que d’y penser déjà suscitait chez elle une « petite » angoisse, nous disait-elle. « Je suis juste enceinte, et il faut déjà que je pense à confier mon enfant, c’est difficile ! ». Se séparer de son enfant, le confier à d’autres, le « partager » avec d’autres n’est pas chose facile et peut susciter angoisse, culpabilité, rivalité, impression d’abandonner. Tous ces sentiments sont plus où moins présents chez les parents. Au cœur de l’accueil du jeune enfant, l’éducateur de jeunes enfants, et plus généralement tous les professionnels de la petite enfance, se doivent d’envisager une réflexion sur comment accueillir le parent en structure d’accueil. Cette question de l’accueil et parfois de l’accompagnement du parent s’est souvent posée à moi au cours de la formation : quelle ouverture fait-on aux parents dans les structures, que leur offre-t-on ? mais aussi, pourquoi et comment travailler cette ouverture ? Au regard de mes différents stages et de la conjoncture actuelle, j’ai eu l’occasion de constater combien cette question de l’accueil du parent était inégalement travaillée.

Pourtant, il me semble capital que cet accueil soit pensé car envisager l’accueil d’un enfant ne peut se faire sans passer par l’accueil du parent. Mon stage long, réalisé au sein d’un relais parents-assistantes maternelles, m’a permis de me centrer sur cette question ou comment accueillir et accompagner le parent. Cette mission du relais se pose dans l’objectif d’offrir un accueil pour l’enfant dans les meilleures conditions possibles, et en particulier au domicile des assistantes maternelles. Se donner un telle mission pour une structure amène à penser cet accueil et cet accompagnement du parent dans la dimension de la relation éducative, et c’est sur cet aspect que je choisis d’orienter mon mémoire.

L'hôpital c'est dur pour moi... comme pour mes parents

Ce mémoire se base sur mon expérience lors du stage à responsabilité éducative dans un service pédiatrique d’un hôpital public de l’APHP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Ce service accueillait, normalement, des enfants de 0 à 15 ans et 3 mois mais, afin de permettre une continuité des soins, il pouvait y être accueilli des jeunes jusqu’à 21 ans environ. Il reçoit tous types de maladies allant de maladies bénignes comme la gastro-entérite ou l’angine à des maladies plus graves telles que le cancer ou le sida (cf Annexe III : glossaire). Il s’y présente donc un grand échantillon d’âges et de maladies. Les enfants sont installés dans des chambres individuelles ou de deux personnes. Dans ce service, les parents peuvent rester auprès de leur enfant jour et nuit et les visites n’ont pas d’heure limite afin de favoriser la présence des parents auprès des enfants.

L’hôpital m’intéressait car il est un lieu de séparation difficile, stressant, entaché de nombreuses représentations. L’éducatrice de jeunes enfants, du fait de sa formation, y a donc un rôle important durant le séjour de l’enfant. Je voulais pouvoir appréhender comment l’enfant, ainsi que ses parents vivent ou "survivent" dans ce lieu, comment, l’éducatrice de jeunes enfants peut aider à rendre moins difficile ce moment de séparation . Durant cette expérience j’ai pu me rendre compte que, quel que soit l’âge que l’on a, l’hôpital n’est pas toujours agréable à vivre. L’hospitalisation se fait la plupart du temps parce que la personne est souffrante et amène obligatoirement une séparation d’avec le milieu familial ; « (c’) est toujours vécu comme une expérience stressante et pénible » . On peut donc facilement comprendre que celle-ci ne soit pas facile à vivre pour le jeune enfant tout comme pour ses parents.

Effectivement, il n’est pas facile pour les parents et les enfants de se séparer ou tout du moins de se retrouver dans un lieu inconnu, étranger ; d’autant moins que la maladie est présente et que cette séparation se fait pour le bien de l’enfant, afin que celui-ci guérisse. De plus si cette séparation physique d’avec les parents est obligatoire, elle peut être la première séparation survenant entre l’enfant et ses parents. Il n’est pas simple de se séparer des personnes avec qui l’on a des relations privilégiées, des premières relations que l’on a créées avec le monde extérieur qui peut être vécu comme violent pour l’enfant, des adultes qui les sécurisent et leurs servent de repères. Cependant, de plus en plus d’hôpitaux s’ouvrent à la famille et permettent aux parents d’être présents tout au long de l’hospitalisation de leur enfant, tout comme le lieu où j’ai réalisé mon stage. Mais ces parents peuvent se retrouver gênants pour l’équipe ou tout du moins en avoir l’impression, de ce fait, le dialogue entre les professionnels et les parents peut alors devenir difficile puisqu’un stress persiste des deux côtés. Il n’est pas simple pour un parent comme pour un enfant d’être en relation avec autrui s’il ne se sent pas en totale sécurité, s’il craint ce qui peut se passer. Parler n’est pas facile ! Or la relation parents-enfant est quelque chose de structurant, de fort et de nécessaire pour le développement de l’enfant. 

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Le nombre de décès par suicide a connu en France une augmentation importante au cours des vingt dernières années. Pour cette raison, il est devenu une priorité de Santé Publique avec par exemple la création des Journées Nationales de Prévention du Suicide organisées par l’UNPS (Union Nationale Pour la Prévention du Suicide) On recense actuellement en France 13 000 suicides par an (soit plus de victimes que les accidents de la route !) et les tentatives de suicide sont estimées à plus de 160 000 par an (mais il s’agit là d’une estimation minimum, car les tentatives de suicide ne sont pas systématiquement recensées et un certain nombre d’entre elles ne font pas l’objet d’une hospitalisation).

Si le suicide touche tous les âges et surtout les personnes âgées, on constate toutefois une évolution inquiétante chez les jeunes. Il représente la deuxième cause de décès chez les adolescents. L’augmentation signifiante du nombre de suicide chez les adolescents nous a interpellé. Pourquoi les jeunes tentent-t-ils de mettre fin à leurs jours ? Le suicide touche-t-il plus les garçons que les filles ? Toutes les classes sociales sont-elles touchées ?

Maintien des liens en institution: Idéologie ou Réalité ?

Tout au long de ce mémoire, j’ai tenté de mettre en évidence comment un EJE peut, au quotidien, accompagner un enfant placé et ses parents, tout en m’interrogeant sur le maintien des liens et sa légitimité dans certains cas. En effet, l’EJE qui voit mise à mal sa mission de « maintien des liens parents / enfants » se doit d'évaluer la possibilité de ce maintien des liens ou de constater la rupture. Dans le cas d’un maintien, il s’agit d’abord pour l’EJE d’intervenir auprès de l’enfant, pour l’aider à se reconstruire et à supporter la séparation. Tout en aidant les parents à retrouver leur fonction parentale auprès de leurs enfants. Dans le cas d’une rupture, il me paraît nécessaire que l’EJE, en dépit de l’idéologie du lien, mette tout en oeuvre afin d'accepter une réalité souvent difficile.

De plus, il me semble raisonnable de se détacher de l'idée que : le statut de l'enfant qui n'a plus ou trop peu de relations avec ses parents est la pire destinée. Les recherches actuelles, notamment sur le processus de résilience, nous montre qu'une séparation définitive ne semble pas insurmontable pour l'enfant. Toute cette réflexion m’amène à la conclusion que l’EJE doit (en collaboration avec l’équipe et les partenaires sociaux) tout faire pour aider au maintien, à la rénovation ou la reconstruction des liens parents/enfants, mais qu’il doit aussi permettre à l’enfant d’entrer dans un processus de résilience lorsque la rupture semble inévitable. L’écriture de ce mémoire m’a fait prendre conscience de la complexité du concept de « maintien des liens ». En effet, l’avenir de l’enfant maltraité doit-il s’envisager avec ou sans ses parents ? Cette question est épineuse et divise.

Mais il me semble que l’on ne peut se prononcer définitivement car chaque situation est différente, demande une attention et une évaluation bien spécifique. Je pense qu’il faut avoir le souci de ne pas enfermer les personnes dans leurs actes. Les équipes ont pour première mission de discerner si le lien parent/enfant est structurant ou au contraire « destructeur »40. Ce dont je suis convaincue c'est que l’EJE doit ouvrir les yeux, pour s’ouvrir aux voies où l’enfant pourra évoluer dans un climat propice qui l’aidera à s’épanouir et à devenir un être social capable de vivre harmonieusement parmi ses pairs. En gardant à l’esprit que quelle que soit la « fragilité » des parents, quel que soit le danger auquel l’enfant est confronté, ils restent « ses » parents malgré tout. Il semblerait que les liens du sang aient un poids important, qui empêche souvent l’enfant de s’investir totalement dans un ailleurs. Ne constate-t-on pas que beaucoup d’enfants abandonnés, puis adoptés éprouvent cet irrésistible besoin de connaître leurs origines ? Le fait de connaître ses origines, c'est s’inscrire dans une histoire, une filiation, s’identifier et construire sa propre personnalité.

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